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Venezuela : L'Equateur de Lenin Moreno démantèle un autre morceau de l'intégration latino-américaine

14 Septembre 2018, 15:43pm

Publié par Bolivar Infos

 

Geraldina Colotti

Evo Morales dit : « Nous ne reviendrons pas en arrière. » Et le Venezuela de Maduro dicte l'ordre du jour de résistance.

 

Les Vénézuéliens ne perdent jamais leur sens de l'humour et la satire s'exerce aussi sur une éventuelle invasion militaire déguisée en « intervention humanitaire » sur les frontières. La tension, cependant, est palpable, en particulier dans les états frontaliers comme Táchira. Là, l'opposition est forte et la mafia est sur le pied de guerre à la suite des mesures prises par le Gouvernement pour arrêter la trafic d'essence vers la Colombie.

 

Le grondement des avions militaires venant de Colombie agite les rêves des Vénézuéliens et la surveillance des Forces Armées Nationales Bolivariennes augmente. Après l'attaque avec des drones chargés d'explosif désactivés par les forces de sécurité, l'ordre de tuer Maduro n'a pas été oublié. Il y a ceux qui, comme le grotesque Secrétaire Général de l'OEA, Luis Almagro, mettent en danger les coronaires en criant très fort, depuis Miami à Bogotá qu'ils doivent par tous les moyens renverser « le dictateur. »

 

Maintenant, Almagro est en Colombie où il cherche à créer un groupe « spécialisé » pour affronter la soi-disant « catastrophe humanitaire » des « réfugiés vénézuéliens. » L'offensive de l'extrême-droite, divisée ais furieuse parce que les nouvelles mesures économiques prises par Maduro peuvent faire échouer leurs tentatives de déstabilisation soutenues par les sanctions des Etats-Unis et de l'Union Européenne, est une réalité.

 

Comme le New York Times l'a révélé récemment, certains putschistes des Forces Armées vénézuéliennes s'étaient rendus aux Etats-Unis pour demander encore une fois du soutien pour leurs plans. Un soutien que les Etats-Unis semblent plus enclins à apporter aux tueurs à gages colombiens qui ont plus d'expérience. L'article du New York Times est suivi d'une « lettre ouverte » du personnel d'édition du journal publiée vers le 11 septembre, dans laquelle les journalistes prennent leurs distances avec les réunions putschistes et invitent le Gouvernement des Etats-Unis « à ne pas oublier les leçons » du passé (par exemple, du coup d'Etat de 1973 au Chili).

 

La droite modérée, celle qui a accepté de participer aux élections, bien qu'avec mal au cœur, en soutenant la candidat Henry Falcon, discute aussi de la possibilité d'une intervention armée. Un centre-droite qui refuse aussi bien les projets de la coalition de la MUD qui a implosé que ceux de ses « clones. »

 

L'éditorialiste de centre-droite Domingo Alberto Rangel considère une éventuelle intervention armée même « déguisé en intervention humanitaire » trop onéreuse même pour les Etats-Unis. Sommes-nous sûrs, demande-t-il, de gagner en faisant du Venezuela une nouvelle Somalie, en perdant la sécurité du pétrole que Maduro garantit encore en temps de paix ?

 

Au contraire, explique-t-il, le Brésil propose de créer un Etat tampon, composé par les états de Bolívar, Amazonas et Delta Amacuro. Les Colombiens voudraient annexer Zulia et les états des Andes qui sont assez proches d'eux par leur géographie et leur culture. Pour mettre de « l'ordre » dans la Somalie vénézuélienne, les Forces Armées des Etats-Unis devraient réfléchir à quel prix. Certainement au prix de milliers de victimes, même si on ne prend en compte que les 6 millions de membres inscrits au Parti Socialiste Uni du Venezuela, la milice, les FANB...

 

Les Gouvernements de Colombie et du Brésil – répète Rangel – savent que cette sorte de scénario les déstabiliserait beaucoup plus que la situation actuelle. La solution « à nos problèmes, » conclut l'éditorialiste, « ne peut venir » de l'étranger « mais de la construction d'un grand mouvement pro marché. » Un projet qui va dans le sens opposé du plan économique proposé par Maduro pour « résoudre la contradiction capital-travail en faveur du peuple. » Et ensuite, le choc.

 

Certainement, naviguer dans les eaux troubles de la mondialisation capitaliste demande une équipe adéquate mais aussi une boussole pour trouver le bon tour. Quels sont les engagements acceptables pour atteindre ce but? C'est l'un des points qui se discutent au Venezuela. C'est l'un des nœuds historiques quand on gagne dans un pays, qui se multiplie quand la victoire est une victoire partielle comme au Venezuela et quand son développement est lié au renforcement de la dynamique continentale à présent fortement défié par le retour du néolibéralisme en América Latina.

 

Que 2 des géants latino-américains, le Brésil et l'Argentina, aient viré à droite, compte. Cela compte au niveau du commerce mais aussi au niveau militaire parce que le Brésil du putschiste Temer a permis les manœuvres militaires conjointes en Amazonie, Colombie et Pérou, 3 zones limitrophes avec le Venezuela, auxquelles pour la première fois participaient les Etats-Unis.

 

On dit aussi que l'Equateur de Lenin Moreno, qui a trahi la Révolution citoyenne, participe pour la première fois. Et la déclaration de Moreno disant devant une école « avoir atteint ses aspirations de pirate » semble grotesque.

 

Un pirate sous les ordres des grandes puissances. Non seulement il a tourné le dos à l'UNASUR mais maintenant, son Gouvernement sape les accords commerciaux qui ont été des symboles du commerce Sud-Sud. L'Equateur va rompre ses accords avec PDVSA, la compagnie pétrolière d'Etat vénézuélienne pour une raffinerie conjointe. 

 

Après le changement de Moreno, sous-fifre des grandes multinationales des Etats-Unis, l'attitude du Gouvernement de l'Equateur contre Chevron – qui a gagné le procès contre le Gouvernement pour les catastrophes environnementales causées aux communautés indigènes – promet déjà d'être très différente de celle de celui de Correa contre lequel s'est ouvert une procédure judiciaire semblable à celle qui existe au Brésil contre Lula.

 

Les batailles qui se livrent au Venezuela ont un sens au niveau international, par conséquent, ont une portée beaucoup plus large qu'un simple motif aléatoire. D'abord au sujet de « l'aide humanitaire » qui est instrumentalisée contre la Révolution Bolivarienne das le problème des « réfugiés » alors que le critère utilisé pour les migrants colombiens accueillis au Venezuela, qui sont plus de 5 millions, est diffèrent. 

 

Et alors, et surtout, la double morale impérialiste qui, alors qu'elle construit des murs aux Etats-Unis et en Europe, occulte le scandale de l'arrestation d'enfants et de leur emprisonnement dans les prison s de Trump, prétend créer un faux problème de migrants sur la frontière avec le Venezuela alors que le Gouvernement Bolivarien est le seul au monde à organiser un couloir humanitaire réel pour ramener au pays ceux de ses ressortissants qui ont été trompés par la propagande des médias hégémoniques et qui ont pu prouver de première main combien cela pouvait affecter leur vie, est mise en évidence.

 

Mais la partie est loi  d'être perdue, en Amérique Latine. Le président de la Bolivie, Evo Morales a inauguré à San Benito, département central de Cochabamba, l'immeuble du Parlement de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR): contre l'expulsion de Lenin Moreno, on construit « la grande maison de l'Amérique du Sud. » en ce qui concerne l'intégration latino-américaine, a déclaré Morales, « nous ne revenons pas en arrière. » 

 

Pendant ce temps, en Chine où il est en visite, le président du Venezuela, Nicolás Maduro, tisse les fils d'autres configurations éventuelles et même d'une perspective géopolitique basée sur une nouvelle relation entre la mémoire et l'avenir.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/09/13/venezuela-el-ecuador-de-lenin-moreno-desmantela-otra-pieza-de-la-integracion-latinoamericana/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/09/venezuela-l-equateur-de-lenin-moreno-demantele-un-autre-morceau-de-l-integration-latino-americaine.html