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Venezuela : Dollariser signifie mettre l'économie dans les mains des investisseurs étrangers 

8 Mai 2018, 17:12pm

Publié par Bolivar Infos

 

La proposition du candidat de l’opposition Henri Falcón de dollariser l'économie vénézuélienne amènerait une perte de souveraineté pour le pays : « Cela signifie remettre le pays au groupe d'entreprises d'importation et aux investisseurs étrangers, » a noté le coordinateur de la Sous-commission du Pétrole, du Gaz et de l'Eau de la Commission de l'Economie pour le Développement de la Production David Paravisini.

 

Le Venezuela a besoin d'investissements dans les domaines de développement comme les services électriques et les services de communication et une dollarisation signifierait mettre l'économie dans les mains des investisseurs étrangers : « Nous avons besoin d'une monnaie propre qui nous donne l'autonomie. »

 

Ce que disent les partisans de la dollarisation, c'est que de cette façon, on gagnerait la confiance des organismes internationaux comme la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) mais ils ne voient pas les désavantages de ce système dans des pays sous-développés comme le Venezuela, a noté le député à la Constituante.

 

« Il faut voir les vicissitudes par lesquelles passe le peuple équatorien. En plus, il ne dispose pas de ressources pour faire de l'investissement mais il doit consulter les pays qui disposent de ces monnaies. »

 

Une devise propre

 

Paravisini reconnaît qu'un secteur de la population, surtout dans la classe moyenne, s'est dollarisé et fait ses opérations en convertissant en dollars, c'est pourquoi il insiste sur la nécessité de transformer l'économie.

 

Le président Nicolás Maduro envisage la voie opposée, rendre le pays indépendant du dollar en créant une devise propre : le petro : « Le problème d'une devise comme celle-là rend esclaves ceux qui la gèrent. Qu'un pays comme le nôtre puisse avoir sa propre monnaie internationale serait un succès sans précédent dans le monde, » a-t-il ajouté en évoquant le petro lancé par le Gouvernement Bolivarien.

 

2 options

 

Selon le député à la Constituante, 2 options s'opposent aux élections : celle d'Henri Falcón qui dit qu'on va dollariser l'économie et celle de Maduro qui est une proposition nationaliste : rompre avec la dépendance envers le dollar.

 

« Ce sont 2 options qui sont sur la table de façon démocratique. Cela ne s'est jamais passé ici : la proposition de l'ennemi et la proposition nationale. Cela ne s'était jamais vu, politiquement parlant, » a-t-il souligné.

 

Paravisini a confirmé ce que dit le président Maduro, aussi bien concernant le parti que le pays, sur la nécessité d'une victoire politique dans l'arène électorale qui donnerait assez de légitimité et de force pour entreprendre la construction d'un nouveau modèle économique et politique.

 

Vérification de la sous-commission

 

Le député à la Constituante a rappelé que la sous-commission a commencé à travailler au mois de septembre de l'année dernière avec la Commission de l'Economie qui a été la première à être installée, étant donné l'importance que lui a donnée l'ANC pour apporter une réponse aux problèmes du pays et construire un nouveau modèle de production.

 

Lors de sa seconde réunion, on a mis au point un document qui a été présenté au président de la République, Nicolás Maduro, contenant de propositions importantes pour contribuer à prendre le contrôle de l'économie vénézuélienne face aux élections qui approchent.

 

« La guerre économique s'est exacerbée, il y a eu une escalade des prix après la fin des guarimbas entre juin et juillet, une situation qui s'est prolongée pendant tous ces mois. En plus du développement d'autres variables comme le taux de change et la contrebande d'extraction. »

 

Force politique

 

Le président Maduro a convoqué les membres de la commission à une réunion pour discuter du document qu'il avait analysé. A cette occasion, on a conclu que ce qui était essentiel dans cette situation, c'était l'économie, que le chef de l'Etat considérait comme quelque chose d'important mais que l'essentiel était la politique, c'est pourquoi on avait mis en place les élections.

 

Ce que le président pense, c'est qu'une victoire politique dans l'arène électorale lui donnera assez de légitimité et de force pour entreprendre un projet de construction d'un nouveau modèle économique.

 

Cela n'a pas empêché le Président de prendre des décisions cruciales dans le domaine de l'économie avec une orientation claire : changer la structure de l'Etat orienté vers l'importation pour un orienté vers l'exportation « Il s'agit d'un nouveau projet-pays, » a assuré Paravisini.

 

5 domaines de travail

 

Dans le cadre de la coordination de la proposition du Président, la Commission de l'Economie a établi 5 domaines de travail : le domaine de la sécurité et de la souveraineté agro-alimentaire, la conception d'une nouvelle architecture financière concernant la gestion des finances publiques, la relation avec les capitaux étrangers, entre autres, a énuméré l'ingénieur spécialisé dans les problèmes de l'énergie.

 

Le 3° domaine est celui de l'économie de production, le 4° concerne la proposition d'un nouveau modèle économique avec exposition des motifs à la Constituante et le 5°est le problème de l'énergie qui a été abordé avec la Sous-commission du Pétrole, du Gaz et de l'Eau présidée par Paravisini qui a plusieurs points faibles.

 

L'un d'entre eux est PDVSA Gas Comunal : le service direct et la distribution en bombonnes font aussi partie des lignes de travail essentielles à cause de l’importance qu'ils ont dans les foyers.

En plus, on a insisté sur le problème des courants de raffinage pour valoriser le travail de transformation du brut aussi bien dans l'exploitation que dans l'extraction.

 

« A la sous-commission, on discute comme ligne politique, comme stratégie, de l'idée que le Venezuela no exporte n’exporte plus de pétrole mais des produits finis du raffinage ou de la pétrochimie, » a-t-il déclaré.

 

Mais ce qui est important, c'est que le Venezuela devienne un pays exportateur d'essence et de toute la gamme des produits raffinés et pétrochimiques, a répété le coordinateur de la sous-commission : « Nous devons changer de relation économique avec le monde et avec nous-mêmes. »

 

La Ceinture comme instrument de la géopolitique mondiale

 

Interrogé sur le destin des plus importantes réserves de brut du monde, David Paravisini a déclaré que les ressources de la Ceinture Pétrolifère de l'Orénoque Hugo Chávez continuent à être utilisées comme instrument de la géopolitique mondiale.

 

« Celui qui veut du pétrole doit s'adapter aux conditions établies par l'Etat. On envisage même de fixer des conditions plus strictes dans cette relation de propriété : 60% à la république et 40% à l'investisseur privé pour qu'il soit associé et qu'il apporte la technologie en plus du financement. »

 

On travaille aussi à la modification des articles 302 et 303 de la Constitution. C'est l'économiste, député à la Constituante Fernando Travieso qui en a la charge. Cette proposition a été présentée à la sous-commission et on a décidé d'en discuter en session plénière de la Commission de l'Economie.

 

A ce sujet, Paravisini a observé qu'il est essentiel que les articles soient analysés en tant que partie d'un tout, pas comme des articles séparés. Il s'agit de les mettre en relation avec un nouveau modèle économique.

 

Il pense qu'il est essentiel qu'on récupère des zones de production de pétrole conventionnel de façon à étayer la production qui a été affectée par des facteurs exogènes et endogènes.

 

On doit repenser l'industrie et renforcer le rôle du ministère.

 

David Paravisini pense qu'il est essentiel d'insister, en matière de pétrole, sur la démocratisation de la gestion de l'industrie qui, jusqu'à présent, malgré le contrôle du Gouvernement sur Petróleos de Venezuela (PDVSA) qui, avant le coup d'Etat et la grève pétrolière de 2002-2003 contre le président Hugo Chávez était contrôlé par « une caste bureaucratique » appelée méritocratie, continue à être géré par une structure très liée aux pouvoirs factuels des transnationales.

 

Le décret présidentiel 3 368, publié le jeudi 12 avril au Journal Officiel du Venezuela N° 41 376 est un pas dans cette direction, a assuré Paravisini.

 

Ce décret a valeur de loi a pour but de réorganiser les opérations pétrolières et de minimiser la bureaucratie à l'intérieur de l'entreprise d'Etat et dans ses entreprises mixtes pour rétablir les capacités de production du brut.

 

« L'activité de l'industrie pétrolière s'est totalement déformée. D'une soi-disant prise de contrôle de toutes les variables avec la nationalisation du pétrole en 1975 qui, en réalité, est devenue un Ministère du Pétrole très fort mais avec une industrie qui, en réalité, est gérée par les transnationales grâce à des rabatteurs, nous sommes passés à une autre dans laquelle les 2 flanc devaient être contrôlés par l'Etat. »

 

Cela a provoqué un renforcement sur le moment mais dans la pratique « nous avons perdu le contrôle sur le problème du pétrole. Aujourd'hui, nous l'avons perdu sur l'industrie et on a perdu la force du ministère, » a regretté Paravisini.

 

Le député à la Constituante a fait cette réflexion pour souligner l'importance du point concernant l'activité pétrolière qui va de la restitution de la direction du système, le ministère, jusqu'à repenser le problème de l'industrie.

 

« PDVSA a été une création de l'impérialisme et de la CIA. Rómulo Betancourt, au début, s'est opposé à sa création et ensuite, il a accepté à condition que les entreprises soient dirigées par les anciens directeurs des transnationales, » a-t-il rappelé.

 

Unifier la production électrique et rattraper le retard dans l'eau

 

David Paravisini accorde une grande importance au problème de l'unification du système électrique du pays. Il y a 2 systèmes : l'un géré par CORPOELEC et l'autre par PDVSA.

 

Paravisini insiste sur le fait qu'il n'y a aucune raison pour que PDVSA gère le sien bien qu'il y ait consacré des ressources à l'installer, et à installer même les usines de production. Il pense que cela ne peut affecter son autonomie d'opération et mettre en danger la capacité opérationnelle de l'industrie en cas de panne.

 

L'eau est l'autre projet dans lequel il faut corriger « un retard gigantesque et historique. » L'eau n'arrive pas dans les maisons, elle arrive dans les rues. C'est pourquoi on l'a utilisé comme un mécanisme de clientélisme politique.

 

Il a assuré que 60% de la consommation d'énergie électrique est utilisée pour transporter les bombonnes d'eau : « Il y a une aberration dans le problème électrique et celui de l'eau à cause des déficiences qui existent dans la distribution de ces 2 ressources. »

 

Presque 70% du secteur urbain n'est pas planifié, hors des règles de la structure urbaine, il consomme environ 5.000 mégawatts d’énergie électrique dans tout un système pour amener l'eau dans ces zones, a commenté le coordinateur de la sous-commission.

 

T/ Manuel López

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.correodelorinoco.gob.ve/dolarizar-significa-poner-la-economia-en-manos-de-inversionistas-extranjeros/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/05/venezuela-dollariser-signifie-mettre-l-economie-dans-les-mains-des-investisseurs-etrangers.html