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Cuba: Mouvement San Isidro (2)

6 Décembre 2020, 18:04pm

Publié par Bolivar Infos

Articles de l'adresse française

Cuba : Mouvement San Isidro : les autorités tournent le dos aux artistes

 

06/12/2020 - 06:53

 

Avec notre correspondante à La Havane, Domitille Piron

 

Cuba ne dialogue pas avec des mercenaires. C’est le message qu’il faut retenir des autorités après une semaine de tension autour du dialogue demandé par les artistes indépendants, qui s’étaient réunis en masse vendredi dernier.

 

Parmi leurs revendications, un dialogue informel avec l’État sur la liberté de création et d’expression, le droit au désaccord et la fin de la répression.

 

Mais la jeune écrivaine et curatrice d’art Sindy Rivery considère que le dialogue a été rompu au lendemain même du 27 novembre. « La première chose qu’ils ont fait le lendemain a été d’harceler, réprimer et surtout diffamer les artistes, dénonce-t-elle. Et cela, c’est une rupture du dialogue ! »

 

Cependant, au ministère de la Culture, pas un mot sur ces assignations à résidence. Le vice-ministre Fernando Rojas assure que le dialogue est ouvert, selon certaines conditions : « Le ministère de la Culture ne se réunira pas avec des personnes qui ont des contacts directs et reçoivent une aide financière ou logistique du gouvernement des États-Unis et ses fonctionnaires. »

 

« La Révolution n’a pas besoin de plus d’apologie »

 

Le gouvernement refuse pour l’instant de se réunir avec les membres du Mouvement de San Isidro. Mais il y a bien eu une rencontre ce samedi, reconnaît Sindy Rivery, avec plusieurs jeunes qui ont manifesté le 27 novembre.

 

« Cette rencontre a tourné en une apologie de la Révolution, poursuit l'écrivaine. D’accord c’est très bien, mais la Révolution n’a pas besoin de plus d’apologie. Nous avons besoin de dialogue avec tout le monde et ce dialogue doit se faire aussi avec des personnes qui dérangent ! » 

 

L'espoir de dialogue entre le ministère et le mouvement San Isidro avait pris forme après la manifestation spontanée qui s’était déroulée samedi dernier devant le ministère en question grâce à des appels relayés sur les réseaux sociaux. 

 

À Cuba, l'autorisation de manifester n'est délivrée que de façon exceptionnelle. Quand des voix critiques annoncent leur intention de se réunir publiquement, un important déploiement policier décourage tout rassemblement.

 

Liberté de création et d’expression

 

Trois cents artistes s’étaient regroupés durant 15 heures devant le bâtiment et avaient finalement reçu l’engagement que des discussions se tiendraient cette semaine. Une délégation de 30 manifestants avait pu se réunir en pleine nuit avec le vice-ministre pour lui présenter leurs revendications.

 

Ce refus de dialoguer est, selon le ministre de la Culture, une conséquence de l’ultimatum absurde et inacceptable adressé par ce groupe d’artistes. Ces derniers réclameraient la présence du président Miguel Diaz-Canel et d’autres hauts fonctionnaires cubains, ainsi que d’artistes pointés du doigt par les autorités comme étant des mercenaires à la solde des États-Unis.

 

Poursuite du combat

 

Le collectif d’artiste qui s’appelle désormais le 27-N, en hommage à la manifestation du samedi 27 novembre, se dit consterné, mais compte bien poursuivre son combat.  « C'est lamentable que le dialogue soit interrompu », a réagi sur Facebook le cinéaste Juan Pin Vilar, membre de la délégation des manifestants. Vendredi, une partie des membres de la délégation dénonçaient d'être empêchés de sortir de chez eux par une forte présence policière.

 

Ces derniers jours, les médias d'État ont démonté ce qu'ils appellent la « farce de San Isidro », multipliant les reportages sur de supposées actions de déstabilisation financées par les États-Unis, comme le déraillement d'un train de marchandises en mai 2019.

 

(Et avec agences)

 

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20201205-mouvement-san-isidro-à-cuba-les-autorités-tournent-le-dos-aux-artistes

Cuba : Mouvement de San Isidro : la contre-attaque des jeunes communistes

 

30/11/2020 - 07:09

 

Avec notre correspondante à La Havane, Domitille Piron

 

Ce dimanche, l’Union des jeunesses communistes cubaine s’est rassemblée pour défendre la Révolution et montrer un pays uni autour d’un idéal socialiste, et qui accepte les différences. Le tout dans une ambiance festive, bon enfant et avec un dispositif policier bien plus léger que ce vendredi 28 novembre autour du ministère de la Culture quand 200 jeunes s’étaient réunis sans autorisation. Dans chacun des discours, tout le monde a insisté sur la spontanéité de ce mouvement.

 

« J’insiste : nous sommes là et nous sommes soutenus parce que la Révolution a le droit de se défendre, a ainsi déclaré Josué Benavides de l’université de la Havane. Et nous revendiquons que la lutte pour la démocratie et la liberté est inhérente au projet socialiste révolutionnaire. »

 

Accompagnés de drapeaux et de chansons, plusieurs musiciens sont montés l’un après l’autre sur scène, comme pour dire que des artistes soutiennent aussi le gouvernement après une semaine de tension autour du mouvement San Isidro et après la protestation pacifique devant le ministère de la Culture pour réclamer la liberté d’expression

 

« Show médiatique de trumpistes »

 

Dans la foule, assez diverse, on assure qu’à Cuba, la liberté d’expression et de création existe. « Bien sûr, on peut réclamer certaines choses, mais cela doit être en accord avec la Révolution », estime Ebris Martinez.

 

Même le président Miguel DÍaz-Canel a fait une apparition surprise pour déclarer : « Vous savez bien ce qu’ils ont tenté de faire, avec ce show médiatique : c’est une ultime tentative des trumpistes et de la mafia anti-cubaine qui avait prévu avant la fin de l’année de faire tomber la Révolution cubaine ». Les artistes indépendants seront reçus ce mercredi 2 décembre par le ministre de la Culture pour l’ouverture d’un dialogue.

 

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20201130-mouvement-de-san-isidro-à-cuba-la-contre-attaque-des-jeunes-communistes

 

Cuba: après une nuit de protestations, 200 jeunes artistes se font entendre de l'État

28/11/2020 - 10:41

 

Avec notre correspondante à La Havane, Domitille Piron

 

Comme le dit une jeune réalisatrice qui a rejoint près de deux cents artistes et créateurs devant le ministère de la Culture, l'étincelle qui a fait exploser le mouvement est l’expulsion le 26 novembre au soir par la force des membres du mouvement de San Isidro en grève de la faim pour réclamer la libération d’un des leurs, condamné à six mois de prison pour outrage.

 

Mais les réclamations sont plus larges. Après plusieurs heures devant le ministère, une trentaine de représentants du secteur culturel indépendant ont été reçus par le vice-ministre et sont parvenus à établir le dialogue avec les autorités. « Le ministère de la Culture ne peut plus dire qu’il ne connaît pas la situation de l’art indépendant à Cuba, déclare l’artiste Tania Bruguera. Il ne peut plus dire qu’il ne connaît pas le harcèlement, la persécution et la répression qui existe contre l’art indépendant à Cuba. Il ne peuvent plus dire qu’ils ne savent pas. »

 

Un jour historique

 

À l’intérieur, l’échange a duré plus de quatre heures. À l’extérieur, des centaines de jeunes réunis dans le calme, assis dans la rue, chantaient, discutaient et applaudissaient toutes les quinze minutes pour se faire entendre à l’intérieur. Dans les rues alentours, le dispositif policier s'est renforcé et la police a fait usage de gaz lacrymogène contre ceux qui essayaient de rejoindre le mouvement devant le ministère. La plupart de ces jeunes manifestaient pour la première fois.

 

Sur le parvis sont apparus alors les trente artistes accueillis en héros, dont le dramaturge Yunior Garcia. « Ce qui s’est passé aujourd'hui est historique dans notre pays ! s'est-il exclamé. Nous croyons pouvoir être optimiste car nous entamons à présent un nouveau dialogue où seront respectées les différences. » Une journée et une nuit de protestations, sous tensions, qui s’achève dans un esprit patriotique par l’hymne national.

 

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20201128-cuba-après-une-nuit-de-protestations-200-jeunes-artistes-se-font-entendre-de-l-etat

Cuba: des opposants expulsés de la maison où ils étaient en grève de la faim depuis 10 jours

 

27/11/2020 - 08:58

 

Depuis dix jours, des artistes cubains membres du mouvement San Isidro, un collectif d’artistes, d’universitaires et de journalistes, étaient en grève de la faim pour exiger la libération d’un de leurs membres, le rappeur Denis Solis, arrêté en novembre dernier et condamné à huit mois de détention pour outrage.

 

Si au départ, ils étaient plus d’une douzaine, seuls six poursuivaient cette grève de la faim dans une maison de La Havane, littéralement encerclée par les autorités qui ne laissaient passer personne alors que la situation médicale devenait compliquée à l’intérieur. La grève de la faim est une technique régulièrement employée par les opposants pour tenter d’obtenir des libérations et à laquelle les autorités cubaines ne plient que très rarement.

 

Pas de médiation

 

Ces mêmes autorités ont mené une campagne de dénigrement en faisant passer les membres de ce collectif pour des mercenaires à la solde des États-Unis, voire même des terroristes. Les forces de l’ordre encerclaient la maison en question et empêchaient toute médiation.

 

« Nous n’avons aucun contact avec l’État, témoigne Anamely Ramos, artiste et membre du mouvement de San Isidro. Et nous sommes préoccupés parce qu’ils n’ont pas montré la moindre intention de négocier avec nous. Les forces de l’ordre n’ont pas laissé entrer les acteurs sociaux qui pourraient être des médiateurs : des membres de l’Église, des diplomates. On sait par ailleurs, parce que plusieurs ambassades nous ont appelés, que le ministère des Affaires étrangères ne va pas discuter avec les diplomates qui se sont rendus au ministère. »

 

Dimanche dernier, le 22 novembre, des Cubains ont bien tenté de manifester pour apporter leur soutien aux grévistes, mais les autorités ont tout fait pour les en dissuader. Même les diplomates en place à Cuba, qui tentent d’agir dans la plus grande discrétion, refusent pour l’instant d’aborder le sujet.

 

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20201127-cuba-des-opposants-expulsés-de-la-maison-où-ils-étaient-en-grève-de-la-faim-depuis-10-jours