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Pensée critique : La corruption blesse ou tue

26 Mai 2023, 17:00pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Por Sergio Ferrari

 

Au niveau mondial, 25 % du budget est perdu dans des actions illégales.

 

Un quart des dépenses publiques mondiales va à l'arrêt de la corruption. Un fléau qui, avec plus ou moins d'incidence, est présent dans toute la géographie internationale de long en large. Selon les Nations Unies (ONU), l'effet de corruption accapare plus de 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB), à l’échelle de la planète. Sur les 13 000 000 000 de dollars que les Gouvernements destinent à leurs budgets nationaux, environ 25 %, se diluent dans les sables mouvants des pratiques illégales.

 

Début mai, Lachezara Stoeva, président du conseil économique et social de l'ONU, reconnaissait les effets préjudiciables de la corruption qui conspire contre l'effort d'un développement soutenable. L'objectif de développement soutenable des Nations unies, numéro 16 qui met l'accent sur la promotion d’une société juste, pacifique et inclusive, dit : « Les conflits, l'insécurité, les institutions faibles et l'accès limité à la justice continuent à constituer une grave menace pour le développement soutenable. »

 

Le coût de la corruption n'a pas seulement des conséquences financières. En plus, il affaiblit la promotion d'initiatives destinées à protéger les ressources naturelles. Selon Stoeva, la corruption augmente aussi la pauvreté et les inégalités, érode la confiance et la cohésion sociale et affaiblit la stabilité économique et politique.

 

La perte de confiance des citoyens envers l'État est en partie un corollaire direct de la corruption de la direction politique ou administrative d'un pays.

 

Flashes mondiaux

 

Le site de la Deutsche Welle (DW), un service de communication allemand, définit la corruption comme « une pratique qui consiste à mal utiliser des fonctions pour obtenir des bénéfices personnels. En politique, c'est l'abus de pouvoir à son propre profit ou au profit d'intérêts corporatifs. »

 

Mais le panorama d'informations et de titres que présente la DW ces derniers mois sous le titre « Corruption » est beaucoup plus intéressant que la simple définition du phénomène. Il s'agit de flashes exemplaires de cette pratique tellement étendue dans la géographie mondiale.

 

Comme l'arrestation, le 9 mai dernier (invalidée par la cour suprême 2 jours plus tard) du premier ministre pakistanais Imran Khan, chassé du pouvoir grâce à une motion de censure et objet d'une enquête pour une affaire de corruption.

 

Ou la corruption des oligarques ukrainiens. Selon la Deutsche Welle, pour avancer vers son intégration dans l'Europe, l'Ukraine doit combattre la corruption et réduire l'influence de ses oligarques en politique. Ce problème a été au centre de l'attention de l'Union européenne pendant les tentatives accélérées de l'Ukraine pour intégrer l'Union européenne. En 2021, 1 an avant le début de la guerre Russie–Ukraine, le tribunal, des comptes européen, chargé de contrôler les revenus et les dépenses des Etats de l'Union européenne, affirmait : « L'Ukraine est depuis longtemps affectée par la grande corruption » de l’État.

 

Deutsche Welle déclarait que, bien que l'Union européenne ait introduit plusieurs initiatives destinées à réduire les possibilités de corruption, celle-ci constitue a encore un problème clé en Ukraine.

 

Un autre cas flagrant, selon le service allemand, est celui de la Turquie, où « les architectes et les ingénieurs attribuent la tragédie des récents tremblements de terre (en février de cette année) à des violations des règles de construction » et à de grandes transactions immobilières.

 

Le site allemand met à nu des régions entières avec ses analyses et ses informations. En janvier 2013, il a évoqué la démission du président du Vietnam au milieu d'un scandale de pots-de-vin et les investigations concernant le dirigeant de l'opposition sud-coréenne interrogé dans des affaires de corruption. Fin décembre 2022, il analysait la demande d'informations de la Grèce envers le Panama à propos des comptes de l'ancien député européenne accusée d'avoir reçu des pots-de-vin du Qatar. Ce scandale, qui a impliqué plusieurs députés du Parlement européen, à la fin de l'année dernière,  a eu d'importantes répercutions dans le Vieux Monde. Plusieurs parlementaires européens ont été accusés d’avoir reçu des pots-de-vin en change de la promotion d'une bonne image du Qatar et du Maroc : de grosses sommes d'argent pour laver l'image de régimes discrédités sur la scène internationale.

 

En novembre 2022, ce même média a révélé la mise en examen de 10 étrangers et colombiens en Colombie pour affaires illicites avec l'entreprise brésilienne Odebrecht, l’accusation, aux Philippines, d'un ancien directeur des prisons suspecté d'être impliqué dans l'assassinat d'un journaliste qui enquêtait sur la corruption dans le système pénitentiaire et l'enquête ouverte sur un fonctionnaire supérieur de la banque centrale chinoise pour gestion abusive. En septembre, le viseur a été pointé sur l'assassinat de Jeff German, un journaliste nord-américain expérimenté qui enquêtait depuis des années sur la corruption à Las Vegas.

 

Pendant ce dernier semestre, la Deutsche Welle a publié une seconde information latino-américaine concernant la corruption. Il s'agit de l'accord signé en avril entre l'ONU et le Gouvernement hondurien de Xiomara Castro pour l'envoi dans ce pays d'une mission internationale contre la corruption. Une promesse de campagne de la présidente qui essaie de mettre en pratique une gestion transparente avec l'approbation de la communauté internationale

 

La loupe sur l’indice

 

Transparence Internationale, une organisation spécialisée sur ce sujet, est ferme à propos de la corruption internationale. Dans sa majeure partie, le monde continue à ne pas la combattre totalement. Selon son indice de perception de la corruption (IPC) de 2022, 95 % des pays évalués enregistrent des avancées minimales ou nulles depuis 2017 jusqu'à présent.

 

Selon cet indice, basé sur une échelle qui va de 0 (très corrompu) à 100 (très basse corruption), 43 nations n’ont enregistré aucun changement pendant les 11 dernières années. Plus des deux tiers du total des pays affrontent de graves problèmes avec un indice en dessous de 50, c'est-à-dire « réprouvés. »

Depuis sa création en 1995, cet indice constitue une référence de premier ordre en tant qu'indicateur de la corruption dans le secteur public, mais il n'échappe pas à de sérieuses remises en question étant donné que la plupart de ses sources expriment essentiellement la perception de patrons, d'experts et de fonctionnaires d'agences comme la Banque Mondiale et le Forum Economique Mondial et d'entreprises privées de conseil et d’évaluation des risques.

 

L'intellectuel mexicain Pablo Gonzales Casanova, mort récemment, a été l'une des voix les plus critiques de l’Indice International de Transparence. Déjà en 2007, dans un célèbre travail sur ce sujet, il affirmait : « Définir la corruption demande d'examiner une charge idéologique hégémonique de laquelle on n’a pas toujours conscience. Les forces dominantes définissent ce qu’est ou n'est pas la corruption et qualifient ceux qui sont ou ne sont pas corrompus. » Selon Casanova, « à partir du néolibéralisme, les experts en corruption prolifèrent avec « des fondations » contre la corruption, comme Transparence Internationale ». Beaucoup d'entre eux - comme les  « pobrologues » et les défenseurs des « droits de l'homme »–sont soutenus par la Banque Mondiale, les Nations unies et les Gouvernements impérialistes. »

 

Évaluation de l'œil avec un regard fragile

 

Selon Transparence Internationale, l'analyse du secteur public inclut, entre autres aspects, les pots-de-vin, les malversation de fonds de l'État, les fonctionnaires qui profitent de leur charge pour leur bénéfice personnel, la capacité (ou l’incapacité) des Gouvernements à prévenir les faits illégaux, la bureaucratie excessive qui facilite les illégalités, le népotisme dans la désignation des charges, la législation qui favorise la déclaration de biens personnels par les responsables publics et les mécanismes qui assurent la protection légale des dénonciateurs.

 

Le regard évaluateur de Transparence Internationale ne couvre pas la fraude fiscale, les mouvements illégaux et le blanchiment d'argent ni ceux qui facilitent et encouragent les faits illégaux (avocats, comptables, conseillers financiers, etc.…).

 

Le point faible de ces indices employés par Transparence Internationale : la non évaluation de la corruption dans le secteur privé et dans les économies et les marchés informels et le fait de ne pas incorporer dans l'analyse les perceptions et les expériences directes de corruption ressenties et vécues par les citoyens. Dans cet indice, on n’analyse pas non plus le problème complexe du Lawfare, c'est-à-dire, de la guerre juridique contre des adversaires politiques avec des arguments en relation avec de soi-disant faits de corruption de plus en plus important chaque jour dans la politique quotidienne de diverses régions du monde, et en particulier, en Amérique latine.

 

Capture d'écran sur les Amériques

 

Dans l'Indice de Perception de la Corruption 2022, on affirme que « la corruption continue à être un problème prédominant dans les Amériques », avec des niveaux qui restent stables, c'est-à-dire, qui ne montrent pas d'amélioration. Coïncidant avec le panorama mondial, la note moyenne des Amériques reste à 43 et presque deux tiers de ses pays obtiennent une note inférieure à 50.

 

Transparence Internationale affirme aussi que, sur ce continent, la direction politique n'a pas mis en place de mesures significatives pour la combattre et renforcer les institutions publiques, ce qui a favorisé dans beaucoup de pays le renforcement des réseaux criminels qui exercent un pouvoir considérable sur les acteurs politiques.

 

Pour répondre à la criminalité et à la violence générées par les groupes criminels, certains Gouvernements ont pris des mesures qui tendent à concentrer le contrôle dans le Pouvoir Exécutif. Cela affaiblit la transparence et la reddition de comptes et menace les droits de l'homme, tout en créant plus d'occasions de corruption et d’abus.

 

Dans les Amériques, la corruption a affaibli les institutions publiques et facilité la prolifération de réseaux criminels en déstabilisant les Gouvernements et en exacerbant la violence dans la région. Selon Transparence Internationale, « ce cercle vicieux porte atteinte en particulier aux populations les plus marginales comme les indigènes et des afro -descendants, les communauté LGBTQ, les femmes et les enfants et porte préjudice à l'environnement en empêchant le bon usage des ressources naturelles. »

 

En ce qui concerne ce que fait l'Amérique du Sud, le rapport signale particulièrement deux cas qui doivent être considérés avec beaucoup d'intervention. Premièrement, le Brésil, oui il y a eu « la combinaison de corruption, de l'autoritarisme et de la décélération économique ». Le gouvernement de l'ancien président, Jair Bolsonaro était marqué « par le démantèlement des structures contre la corruption, l'utilisation de manœuvres corrompues pour favoriser des alliés politiques et accumuler du soutien politique pendant la législature, la désinformation et les attaques contre l'espace civique. » En janvier, après la défaite de Bolsonaro aux élections présidentielles, ses partisans ont lancé une violente attaque contre le Parlement, le Tribunal Suprême et le Palais présidentiel, mis en danger la vie de nombreuses personnes et vandalisé des immeubles pour perturber la transition pacifique du pouvoir à Luiz Inácio Lula da Silva récemment élu président.

 

Deuxièmement, le Pérou, qui passe par une longue période d'instabilité avec six Gouvernements différents dans un nombre presque identique d'années. Bien qu'elle critique de front l'ancien président Pedro Castillo, Transparence Internationale reconnaît que « sa séparation de sa charge et t le transfert du pouvoir à la vice-présidente a favorisé les affrontements les plus mortels survenus depuis des décennies entre des agents des forces de sécurité et des manifestants qui, jusqu'à présent ont causé la mort de plus de 50 personnes. »

 

Défi en cours.

 

La corruption est un fléau mortifère qui asphyxie, en particulier, les plus démunis de la planète mais c'est un phénomène complexe qui va bien au-delà des simples données que peuvent apporter différentes O.N.G. Des données qui, dans la plupart des cas, incorporent le regard biaisé de représentants du grand pouvoir économique mondial. Le défi en cours semble énorme : construire de nouveaux paramètres pour mesurer la corruption. Différents et nourri, à partir de la base et de l'expérience communautaire et collective des acteurs et des mouvements sociaux qui pourront apporter cette « perception citoyenne » de la corruption qui n'intéresse aujourd'hui personne pour l'intégrer ni la mesurer.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/05/21/pensamiento-critico-un-flagelo-caro-para-los-pueblos-la-corrupcion-hiere-o-mata/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/05/pensee-critique-la-corruption-blesse-ou-tue.html