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Pérou : Qu'ils s'en aillent tous !

12 Décembre 2023, 18:51pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Adalberto Santana

 

Les protestations qui ont débuté entre le 7et le 9 décembre 2023, se sont prolongées et s'étendront certainement pendant plus de temps encore dans diverses villes et villages du Pérou sont porteuses des revendications de libération de différents dirigeants, politiques, sociaux et populaires, détenus dans différentes prisons (parmi eux, le président déposé par le Congrès, Pedro Castillo Terrones; d'un changement radical de la Constitution Politique actuelle, de l'installation d'une nouvelle Assemblée Constituante et évidemment de la démission de la présidente usurpatrice (Dina Boluarte) et des membres du Congrès de la République. Il s'agit de points du programme de larges secteurs syndicaux, populaires, communaux et politiques du Pérou, qui se résument en une consigne clé de la grande mobilisation de masse de la société péruvienne : «Qu'ils s'en aillent tous !»

 

Pour le premier anniversaire du coup d'Etat par lequel a été destitué et emprisonné le président Castillo, les secteurs ultra-conservateurs que dirige la présidente putschiste Dina Boluarte, ce qu'on appelle le Tribunal Constitutionnel ont tenu une réunion frauduleuse, composée uniquement de quatre magistrats, et en l'absence de deux qui n'ont pas été convoqués.(Manuel Monteagudo Valdez et César Ochoa Cardich). Lors de cette réunion, il a été décidé par le magistrat Francisco Morales (président),Luz Pachecho,(vice-présidente) et Gustavo Gutierrez, et avec le vote contre de Helder Dominguez, de signer la résolution qui a accordé sa libération à l'ancien président et ancien dictateur du Pérou Alberto Fujimori.

 

Souvenons nous que l'ancien président de 85 ans a été condamné à 25 ans de prison pour son implication en tant qu’auteur dans l'assassinat de 25 citoyens péruviens en 1991 et 1992, assassinat qu'il avait autorisé lors d'une étape de son gouvernement quand on combattait la guérilla dans le pays. Ainsi, sa libération de la prison dans laquelle il purgeait sa peine a été, sans aucun doute, une façon pour l'extrême droite péruvienne de célébrer le coup d'Etat du 7 décembre 2022. Mais ce fut aussi une autre expression du pouvoir de la famille Fujimori, de son alliance avec les secteurs qui dominent dans la présidence, de ses compromissions avec le pouvoir judiciaire et avec l'armée et la sécurité péruviennes.

 

Dans ce scénario politique figure aussi l'incapacité des secteurs gouvernants à rétablir l'économie du pays qui traverse une grave crise. L'action d'une nation essentiellement minière montre que la présidente péruvienne a obtenu un terrible échec dans le rétablissement de la situation économique, échec que montre un terrible effondrement des investissements et ces mêmes conditions ont accéléré et accumulé le mécontentement économique et politique de larges secteurs sociaux du pays. À toute cela s'ajoute la crise de crédibilité du Gouvernement quand le procureur général a été suspendu à cause d'une enquête criminelle dans le Ministère Public.. Il s'agit du procureur qui a présenté fin novembre l'accusation constitutionnelle pour délit d’homicide dans laquelle Dina Boluarte figure comme responsable de plus de 50 morts.

 

Dans la région latino-américaine, la reconnaissance du Gouvernement de Boluarte continue à se détériorer. Par exemple, le dur rafraîchissement des relations diplomatiques avec le Gouvernement mexicain que dirige le président André Manuel Lopez Obrador est plus qu'évident. D'un côté, il a souligné que le Mexique avait accordé l'asile politique à la famille du président déposé par le coup d'Etat. Pour ce fait, le Gouvernement de la présidente péruvienne a expulsé l'ambassadeur mexicain (Pablo, Monroy) au Pérou. Mais AMLO a aussi déclaré lors de son voyage au mois de septembre en Colombie et au Chili qu'il éviterait que l'avion qui le transporte traverse l'espace aérien péruvien car il pourrait y avoir un problème avec le Gouvernement de Boluarte. « Comme nous ne voulons pas qu'ils nous fassent une merde parce que, comme c'est de notoriété publique, nous n'avons pas de bonnes relations avec le Gouvernement du Pérou, nous n'allons pas demander à passer par l'espace aérien péruvien. Nous allons faire un tour pour arriver à Santiago du Chili. Nous allons voler plus longtemps, peut-être une heure de plus en faisant le tour. » Le même Lopez Obrador a qualifié Boluarte de « fausse ».  Ce à quoi le Gouvernement péruvien a répondu que le président mexicain était « persona non grata pour les autorités péruviennes. »

 

La situation est la même avec le Gouvernement de Colombie du président Gustavo Pétro qui, avec le président du Mexique, a refusé de reconnaître Boluarte comme présidente légitime du Pérou.

 

Une position qui a également été prise par d'autres présidents de la région latino-américaine. Cela a mis un évidence d'isolement diplomatique de Boluarte qui représente ce qu'il y a de plus rance dans l'oligarchie économique et politique péruvienne. Ce qui explique que dans de larges secteur du peuple péruvien la consigne « qu’ils s'en aillent tous! » courre de plus en plus.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/12/09/nuestraamerica-que-se-vayan-todos/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/12/perou-qu-ils-s-en-aillent-tous.html