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Argentine, Brésil : Macri et Temer mettent en place un « nouvel ordre du jour positif »

5 Septembre 2016, 18:26pm

Publié par Bolivar Infos

Telesur, 4 septembre 2016

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Dans le cadre du sommet du G-20, on a annoncé que la première visite officielle du nouveau président du Brésil, Michel Temer, sera en Argentine.

Dans le cadre du sommet du G-20 qui se déroule des 4 et 5 septembre dans la ville chinoise de Hangzhou, le président de l'Argentine Mauricio Macri et le président par interim du Brésil Michel Temer se sont salués cordialement sans même dire un mot du coup d'Etat contre la présidente Dilma Roussef. Pour Macri, cette situation est dépassée puisqu'il a même décidé avec Temer une visite en Argentine le 8 octobre prochain.

De cette façon, Mauricio Macri avance vers ce que, dans les gouvernements, on connaît sous le nom de « nouvel ordre du jour positif » avec le Brésil. Déjà, lors d'une rencontre informelle des 2 présidents ce samedi au Centre des Conventions du sommet du G-20, on a commencé à relancer les relations entre les 2 pays à présent d'obédience néolibérale.

Macri a signalé que les relations avec Temer sont « très bonnes et très positives », c'est pourquoi le Maison Rose n'accordera pas d'attention au fait que Temer est arrivé au pouvoir par la force ou à l'aide d'un coup d'Etat sous prétexte d'un procès politique. Au contraire, il a signalé qu'il est convaincu qu'au Brésil, on a respecté la Constitution et qu'il n'y a jamais eu de coup d'Etat.

Peut-être à cause de ce soutien, le nouveau président du Brésil a signalé dimanche que le premier endroit où il se rendrait en tant que président à part entière serait l'Argentine et il en sera ainsi puisque ce 8 octobre, Temer se rendra en visite officielle à Buenos Aires pour revoir tout l'ordre du jour des relations bilatérales et pour « ajuster des détails concernant les échanges commerciaux , les relations avec le MERCOSUR et la stratégie conjointe dans les forums internationaux,» a noté le média local.

Avancée néolibérale en Amérique Latine

Il n'est pas étonnant que les 2 présidents alignent leurs intérêts si facilement et si rapidement.

Depuis que Mauricio Macri est arrivé au pouvoir en décembre 2015, en moins d'un an, il a dévalué de 40% la monnaie nationale, libéré les prix du dollar, triplé les tarifs des services de base de l'eau, de l'électricité et du gaz, une hausse connue sous le nom de « tarifazo », stimulé une grande vague de licenciements dans les organismes du gouvernement et a fait un pacte avec les fonds vautours pour le paiement d'une dette qui coûtera aux Argentins 12 000 millions de dollars.

Macri n'avait rien promis de tout ça pendant sa campagne présidentielle quand il assurait qu'il entreprendrait la « révolution de la joie » dans laquelle il serait possible de construire « une Argentine avec zéro pauvreté, où tous, nous pourrions aspirer, avec un crédit, à avoir un logement à soi, à être fiers de l'éducation publique. Nous allons faire un système de tarifs justes pour tout le pays. » Pour Macri, « l'héritage » de sa prédécesseure Cristina Fernández de Kirchner (2007-2015) est l'argument parfait pour justifier le paquet néolibéral qu'il et en place à présent.

Pendant le peu de temps qu'a duré le mandat de Macri jusqu'à présent, il y a eu entre 4,5 et 5 millions de plus de pauvres dans tout le pays. Cette augmentation est due à la forte augmentation du prix des aliments, conséquence de la dévaluation qui touche le panier de la ménagère de ceux qui ont le moins de revenus. Selon un rapport présenté par l'Université Catholique Argentine (UCA), l'indice de pauvreté se situe à 34,5%, le chiffre le plus élevé enregistré ces 7 dernières années.

Pendant cette période, on a aussi observé une augmentation de l'indigence qui, dans la plupart des études, comme dans celle du Centre d'Economie Politique Argentine (CEPA) et de l'Institut d'Economie Populaire (INDEP), est passée de 5% à 7%. L'enquête du CEPA et de l'INDEP a montré que la pauvreté est passée de 19,82% en novembre 2015 a 33,25% en avril de cette année.

Macri na pas tenu la promesse de sa campagne : éliminer les pauvres, au contraire, il les a multipliés. EFE

Michel Temer, pour sa part, accusé d'avoir fait un coup d'Etat et de commencer un Gouvernement illégitime après avoir organisé une grande conspiration qui s'est achevée par la destitution de al présidente constitutionnelle Dilma Rousseff le 12 mai dernier, a assumé la présidence par interim de l'Etat. Pendant son bref mandat, ses politiques sur le plan économique ont été marquées par les privatisations et les coupes, des choses qui ont augmenté le mécontentement populaire concernant sa gestion.

Quand on ne savait pas encore si Temer assumerait toutes les fonctions de sa charge, le cabinet de Temer avait déjà fait connaître le chemin qu'il prendrait. Le ministre des Finances du Brésil, Henrique Meirelles, par exemple, a demandé en juin dernier à tous les ministres d'analyser « tout ce qui pourrait être privatisé.» Il a aussi annoncé que les dépenses dans des domaines comme l'éducation et la santé seraient réajustés sur l'inflation de 2015.

Pour sa part,le ministre de la Santé Ricardo Barros a déclaré que l'accès à la santé publique ne devait pas être universel et qu'il y aurait des coupes dans la Sécurité Sociale. Le ministre de l'Education Mendonça Filho a annoncé qu'il commencera à privatiser les universités publiques. Les coupes s'étendront jusqu'au domaine du logement avec la fin du programme « Ma maison, ma vie » qui a construit plus de 3 millions de logements populaires.

Mais la mesure la plus effroyable pour les syndicats est la promesse du ministre du Travail Ronaldo Nogueira, d'assouplir les lois sur le travail et de mettre en marche le projet de « tercialisation1 du travail » qui permettra aux entreprises de tercialiser leurs services même pour leur activité principale. Les employés, en étant sous-traités, n'auront personne pour les défendre.

Le Brésil et l'Argentine alliés contre le Venezuela

Ce n'est pas la première fois que le Brésil et l'Argentine sont en accord en ce qui concerne leurs buts politiques et économiques.

Quand, en juin dernier, ce fut le tour du Venezuela, conformément à la loi, d'assumer la présidence tournante du Marché Commun du Sud (MERCOSUR), l'Argentine, le Brésil et le Paraguay ont décidé de s'opposer à ce que le Venezuela l'exerce.

La chancelière vénézuélienne a dénoncé une tentative de boycott de leur présidence et qu'on essaie de « rééditer une sorte d'Opération Condor contre le Venezuela. »

L'économiste Tony Boza a signalé dans une interview accordée à Telesur que les membres du MERCOSUR « aujourd'hui gérés par des cabinets de droite, beaucoup d'entre eux avec très peu de légitimité (…) essaient de créer un boycott du bloc, pas seulement contre le Venezuela. »

« Eux, ils essaient de se détacher du bloc et de s'attacher au Traité Trans-pacifique (TPP) que les Etats-Unis organisent comme une nouvelle version de l'ALCA. »

Les conséquences à long terme seraient « la perte du projet de la politique commerciale, de son autonomie et de sa capacité d'influence qui était très forte non seulement à l'intérieur mais aussi avec ses alliés naturels comme les BRICS (…) Ce sera une diminution des possibilités de l'Amérique Latine d'agir librement et pour ses propres intérêts et un alignement dramatique sur les intérêts des Etats-Unis, » a déclaré Boza.

NOTE de a traductrice:

1Le secteur tertiaire, en économie, est le secteur des services. « tercialiser » : faire de toute chose un service.

Source en espagnol :

http://www.telesurtv.net/news/Macri-y-Temer-inicia-nueva-agenda-positiva-20160904-0014.html

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2016/09/argentine-bresil-macri-et-temer-mettent-en-place-un-nouvel-ordre-du-jour-positif.html