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Equateur : Qui sont les indigènes et que veulent-ils ?

13 Octobre 2019, 17:21pm

Publié par Bolivar Infos

En Equateur, les indigènes ont renversé des présidents et ont fait partie d'un triumvirat qui a gouverné quelques temps en 2005. Maintenant, ils sont à nouveau dans la rue pour faire abroger les ajustements décidés par le Gouvernement avec le FMI. 

 

  1. Qui sont-ils ?

 

Il existe dans le pays 13 nationalités indigènes qui font de l'Equateur un pays à plusieurs cultures qui parle plusieurs langues. Leur population représente 25% des 17 300 000 habitants du pays.

 

Ils sont craints à cause de leur courage et de leur capacité d'organisation dans les protestations. Depuis 1990, c'est un secteur qui a acquis plus d'influence. En ce moment, une indigène shuar, Diana Atmaint, préside l'organe électoral.

 

Ils ont aussi été ministres, diplomates et ont fait partie de hauts tribunaux. « Nous sommes « longos » (un mot péjoratif d'origine quechua contre ceux qui sont remplis d'orgueil) mais avec un cerveau, » dit à l'AFP Arturo Culqui, 23 ans, originaire de la province de Chimborazo (sud).

 

Culqui fait partie de la garde indigène qui surveille un camp dans lequel se trouvent des milliers d'indigènes qui sont venus à Quito pour protester contre la suppression des subventions qui a fait augmenter de 123% le prix du combustible.

 

Un gourdin à la main, il cherche les « infiltrés » pour les expulser.

 

Les indigènes se battent contre l’absence de services de base. Au XXI° siècle, il existe encore des zones sans électricité ni eau potable. 50% des enfants indigènes de moins de 4 ans souffrent de malnutrition chronique, selon les statistiques du Ministère de la Santé.

 

Les indigènes sont vus par les métis, majoritaires en Equateur, comme entêtés et grossiers. « Le monde indigène a été historiquement exclu, c'est une question de réponse au racisme qu'ils vivent quotidiennement, ils n'ont confiance qu'en eux-mêmes, » a expliqué à l'AFP le chercheur de l'Université Salesiana de Quito Pablo Romero.

 

Une grande partie de la population aborigène respecte les orientations de la puissante Confédération des Nationalités Indigènes (CONAIE), qui, en 1990, a organisé le premier soulèvement aborigène en Equateur qui en a fait se déplacer des milliers jusqu'à Quito.

 

Les peuples natifs ont cessé d'être invisibles et ont obtenu 2 300 000 hectares de terre.

 

La CONAIE, qui regroupe l'ECUARUNARI (forêt des Andes) et la CONFENIAE (Amazonie), a à Pachakutik son bras politique de gauche, créé en 1995.

 

Aujourd'hui, ce parti occupe 5 des 137 sièges à l'Assemblée Nationale mais a eu jusqu'à 10% des sièges.

 

Face à des mesures considérées comme impopulaires, la CONAIE a orgnaisé avec d'autres secteurs des protestations qui ont abouti au renversement des ex-présidents Abdalá Bucaram (1997), Jamil Mahuad (2000) et Lucio Gutiérrez (2005).

 

  1. Comment les mesures prises par Lenin Moreno les affectent-elles ?

 

En Equateur, 68% des pauvres sont des indigènes. Les réformes décidées avec le Fonds Monétaire International (FMI) impliquent la suppression de l'aide de 1 300 000 000 de dollars par an que l'Etat accordait pour faire baisser le prix des combustibles dans le pays.

 

Derrière cette mesure apparaît la crainte d'une inflation générale. Les indigènes travaillent la terre et font du commerce. Le premier impact de ces mesures, pour eux, sera l'augmentation du prix de ce qu'ils produisent : en général des pommes de terre du blé, de l'orge, de la ciboule, du brocoli ou de la carotte en monoculture.

 

Ils apportent leur récolte aux marchés par des routes secondaires ou tertiaires. Sur leurs territoires, ils se déplacent principalement en camionnettes et en petits camions qui marchent en général au diésel qui était le combustible le moins cher. Le prix du galon américain de diésel est passé de 1,03 à 2,30 dollars (123% de plus) et celui d'essence ordinaire est passé de 1,85 à 2,40 (123%).

 

Cela implique aussi une augmentation de 30% des billets de transport dans leurs provinces.

 

« Dans mon cas, nous sommes 7 frères et l'augmentation du billet, c'est une fortune. Vous, comment ne savez-vous pas que le billet dans les villages indigènes est plus cher, » déclare Lucrecia Caiza, une indigène otavaleña.

 

Pour le professeur Romero, « dans la vision indigène du cosmos, il est normal d'avoir beaucoup d'enfants, c'est la main d'oeuvre propre de l'avenir, c'est un problème économique et de survie. »

 

  1. Que veulent-ils ?

 

La CONAIE veut que le Gouvernement fasse marche arrière et remette en place les subventions qui, selon Moreno, ont été maintenues pendant 40 ans et ont coûté quelques

60 000 000 000 de dollars à l'Etat.

 

Des milliers de personnes - la CONAIE parle de 20 000, la police d'environ 10 000 – ont quitté les Andes et les territoires de l'Amazonie pour protester.

 

« Nous sommes à Quito pour rejeter le modèle économique capitaliste qui va contre les différents niveaux de l'économie, » explique Jorge Herrera, ex-chef de la CONAIE.

 

« Nous n'avons aucune autre intention, pire, encore moins de faire tomber des Gouvernements, » a déclaré à son tour le dirigeant Salvador Quishpe.

 

Moreno a dit que sans les subventions, l'Etat récupèrerait quelques 1 400 millions pour les donner aux plus pauvres mais les indigènes n'ont pas confiance. « Nous n'avons pas confiance en quelqu’un qui prend des mesures défavorables au peuple et le réprime durement dans les rues, » a déclaré Romero.

 

source: Tiempo Argentino

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/10/12/ecuador-quienes-son-y-que-piden-los-indigenas/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/10/equateur-qui-sont-les-indigenes-et-que-veulent-ils.html