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Brésil : Le soutien de Lula à Maduro, une ligne de démarcation dans la reconnaissance du Venezuela

1 Juin 2023, 17:14pm

Publié par Bolivar Infos

Par William Serafino

 

La rencontre légitime le président vénézuélien et l'axe Brasilia-Caracas-Bogotá-La Paz mène un nouveau programme d'intégration régionale.

 

En général, il est possible d'affirmer que le récent sommet des présidents sud-américains à Brasilia, convoqué par le président Luiz Inácio Lula da Silva, est le reflet pratique du tournant politico-électoral vers le camp progressiste que la région a connu ces dernières fois. Même si ce changement d'orbite dans le domaine géopolitique n'a pas encore garanti son horizon de possibilités à moyen terme, il a déjà laissé dans la capitale brésilienne une première carte postale qui marque un changement dans le signe des temps.

 

Sur le plan symbolique, la réunion représente également la fin officielle d'un cycle de fragmentation, de querelles politiques acharnées et de tentatives planifiées de destruction des plateformes intergouvernementales qui, dans les premières années du XXIe siècle, ont émergé comme une alternative de pouvoir face au monopole du « panaméricanisme. »

 

Le résultat de ce processus a été un recul dans la dynamique institutionnelle de l'intégration régionale de la part du bloc de pouvoir libéral-conservateur qui s'était approprié la plupart des Gouvernements au cours de la décennie précédente. Maintenant, sur ces décombres, les dirigeants ont le défi de chercher une reprise qui replace la région sur la scène géopolitique, précisément alors que la lutte de pouvoir entre les puissances décadentes et émergentes s'intensifie et place le continent sud-américain dans un moment de grandes définitions concernant son destin géostratégique.

 

La donnée temporelle de la réunion diplomatique qui a eu lieu au palais d'Itamaraty est dévastatrice : le dernier sommet de L'UNASUR a eu lieu en 2014, c'est-à-dire qu'il a fallu près de dix ans pour que les représentants sud-américains se réunisse à nouveau au même endroit. Dix ans, il faut dire, pendant lesquels la géopolitique internationale a connu des changements de rythmes, d’équilibres de pouvoir et de schémas d'intégration économique ; des changements dans lesquels la région n'a pas joué un rôle représentatif. Jusqu'à hier ?

 

Le résultat de la réunion pourrait susciter l'optimisme avec des réserves. Une feuille de route a été définie avec des délais limités pour renforcer les mécanismes d'intégration et L’UNASUR, une entité fondée en 2008 qui a bénéficié d'un énorme prestige et d'une énorme influence pendant ses premières années, revient sur scène comme une plateforme destinée à faciliter les efforts en faveur d'une région unifiée, avec sa propre voix et qui permet d'approfondir ses points de pouvoir à partir d'une complémentarité économique et financière. Une querelle reportée pendant des années.

 

Dans un communiqué écrit avec Maduro, Lula condamne les sanctions et propose de servir de médiateur dans les dialogues avec l’opposition.

 

Même si cette rencontre laisse le sentiment que l'Amérique du Sud s'est débarrassée de l'image d'insignifiance qui pesait sur la région depuis des années, les événements continuent à évoluer  avec une tendance à la fragilité, à l'instabilité et une divergence sur les critères. Le président Gustavo Petro, qui a annoncé lors du sommet le retour de la Colombie à L'UNASUR, est aujourd'hui confronté à une prédiction de coup d’Etat après la rupture de sa coalition gouvernementale. Il est encore difficile de savoir s'il sortira de cette bataille debout.

 

L'Argentine, l'un des pôles clés de l'institution en raison de son poids économique et symbolique, affrontera à la fin de l'année des élections présidentielles lors desquelles la défaite probable du péronisme pourrait retarder l'avancement de l'intégration. En même temps, la crise institutionnelle au Pérou semble être loin d'être résolue, et rien n'indique que les présidents Gabriel Boric, du Chili, et Luis Lacalle Pou, de l'Uruguay, s'engagent dans cette nouvelle stimulation de l'intégration, au-delà de ce qui est strictement institutionnel. , compte tenu de leurs déclarations contre le président vénézuélien Nicolás Maduro lors de cette rencontre.

 

Le président vénézuélien a assisté au sommet et, comme on pouvait s'y attendre, il a été au centre de l'attention. La présence de Maduro a confirmé une fois de plus que la remise en question de sa légitimité en tant que président appartient au passé et que son retour sur la scène régionale est un fait accompli. Considérant le poids objectif de l'autorité de Lula et le poids économique et géopolitique du Brésil, cette nouvelle étape dans la normalisation de la présence de Maduro dans des forums internationaux importants a un fort pouvoir symbolique : il a été reçu avec les honneurs dans le même pays qui, jusqu'à récemment, sous le gouvernement de Jair Bolsonaro, faisait de gros efforts politiques et diplomatiques pour renforcer l'isolement du dirigeant vénézuélien.

 

C’est pourquoi le sommet de Brasilia est une ligne de partage définitive et le point final d'une trajectoire descendante du récit imposé sur la soi-disant illégitimité de son mandat remporté dans les urnes en 2018. Si la participation de Maduro au sommet de la CELAC à Mexico en 2021 a été le premier chapitre du rétablissement de sa reconnaissance internationale, le voyage en Égypte pour la COP27 à la fin de l'année dernière en est le chapitre du milieu et la réunion à Brasilia, le  dénouement de ce rapport principalement organisé par Washington.

 

La reprise de l'intégration régionale par le biais de L'UNASUR doit nécessairement être soutenue au Venezuela, aussi bien à cause de son poids symbolique et économique que de sa stabilité politique qui contraste avec d'autres pays de l'environnement régional.

 

Alors que la tendance à l'instabilité semble être la règle dans le sud du continent, l'axe Brasilia-Caracas-Bogotá-La Paz, en attendant que l'évolution des événements en Colombie soit favorable à Petro et face à l'inconnue qui entoure l'Argentine, l'Équateur et le Chili— semble se placer comme le noyau d’un nouvel ordre du jour destiné à réactiver le rôle géopolitique décisif que l'Amérique du Sud est appelée à jouer.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/06/01/brasil-opinion-el-apoyo-de-lula-a-maduro-es-un-parteaguas-en-el-reconocimiento-de-venezuela/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/06/bresil-le-soutien-de-lula-a-maduro-une-ligne-de-demarcation-dans-la-reconnaissance-du-venezuela.html