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Venezuela: Une Constitution pour le Venezuela élaborée aux Etats-Unis

21 Juillet 2023, 16:58pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Cette année,3 projets de loi ont été introduits au Congrès des Etats-Unis contre le Venezuela : la loi sur l'interdiction des opérations et des locations avec le régime illégitime autoritaire du Venezuela, la loi « AFFECT » sur les droits de l'homme au Venezuela et la loi sur la démocratie vénézuélienne. Ces projets ont un dénominateur commun : augmenter encore la pression du blocus et lui imposer un cadre « d 'assistance humanitaire. »

 

Le but de ce travail tourne autour de la loi sur la démocratie vénézuélienne qui a été introduite au Sénat étasunien récemment installé en mars dernier. Le projet de loi a été conçu par cinq républicains : Jim Risch, Marco Rubio, Bill Hagerty, Rick Scott et John Barrasso, qui opèrent dans l’orbite du lobby des entreprises énergétiques et des entreprises qui mobilisent de grosses sommes d'argent pour reconstruire et aider les pays « qui en ont  besoin. »

 

Cette loi est un méga projet destiné à une gestion administrative-d’ingérence vers le Venezuela qui commence par l’ébauche de la feuille de route qu'ils voudraient appliquer dans une prochaine situation de coercition, et qui, à travers son articulation, cherche à établir les lignes directrices pour que toute la structure étatique des États-Unis s'engage dans les opérations pas tellement  innovantes contre le Venezuela, à savoir :

 

1. Transition « pacifique ».

 

2. Reprise de la croissance économique au Venezuela.

 

3. Imposition de « sanctions » au Gouvernement vénézuélien et à tout successeur qu'ils considèreraient comme « non démocratique. »

 

4. Assistance et financement.

 

Cette « stratégie » ne sort pas de nulle part, c'est une façon de procéder  connue et imposée dans d'autres pays comme Haïti ou la Syrie et le Centre international pour les universitaires Woodrow Wilson a publié en décembre 2022 le rapport « Le Venezuela en 2023 et au-delà : tracer une direction différente » qui montre, en substance, ce qui a été développé dans cette loi.

 

« Transition et assistance »

 

Deux sections abordent la transition pacifique. L'une sur les « conditions pour déterminer si un Gouvernement de transition est au pouvoir au Venezuela » et l'autre sur la politique vers « un Gouvernement de transition et un Gouvernement démocratiquement élu » qui, dans ses lignes générales, au-delà de l'intrusion évidente, montrent que les nouvelles étapes destinées à changer le Gouvernement vénézuélien devraient être dues à des initiatives semblant émerger de n'importe quel groupe représentant ce qu’on appelle  la « société civile » car on indique que « l'autodétermination du peuple » devrait être reconnue et qu’on doit encourager le peuple vénézuélien à « se doter d'un Gouvernement. »

 

Même, dans les termes de ce passage tant souhaité d'un Gouvernement de transition à un gouvernement en soi, ces membres du Congrès osent ajouter que le Gouvernement démocratique qui serait élu - démocratique selon ses critères et ses intérêts - sera le résultat d'une « expression de l'autodétermination du peuple. » La stratégie de pression aura le même objectif de changement de Gouvernement, mais par des voies plus « spontanées. »

 

Dans cette même section, on signale que, face à une transition « difficile », le Gouvernement étasunien dans son ensemble doit être prêt à fournir une « assistance humanitaire », ce qui est le secteur dans lequel ils font réellement des affaires et projettent leurs intérêts politiques.

 

En fait, plus loin, on dit que l'Export-Import Bank des États-Unis fera partie de toutes les agences qui seront dans cette assistance. Il convient de noter que cette instance finance les exportations de produits et de services étasuniens vers les marchés internationaux.

 

Matthew Rooney, ancien fonctionnaire du département d'État et conseiller du think tank George W. Bush Institute, a expliqué dans un article en 2019 que le Congrès des Etats-Unis propose des quantités de dollars annuels pour influencer les Gouvernements étrangers et faire pression sur eux pour qu'ils soutiennent et donnent la priorité aux intérêts étasuniens dans ce pays et dans la région en question.

 

La loi fait également référence à la distribution des ressources dans le cadre de cette « assistance » » et explique que, pour qu'elles « atteignent le peuple », il faut utiliser les agences étasuniennes et les organisations non gouvernementales (ONG), qui sur cette question ont déjà eu un précédent lorsque le pot au rose de la corruption a été découvert pour le détournement de fonds de « l'aide humanitaire » en 2019, par l'intermédiaire du gang Guaidó.

 

Ces illégalités dans cette façon de répartir les ressources sont bien connues dans les groupes de pouvoirs Etats-Unis. L'économiste et professeur à l'université de Stockholm, Jakob Svensson, a dit dans son livre Foreign Aid and Rent-Seeking que « l'entrée d'aide affecte négativement une économie en développement parce que ces ressources sont détournées des activités de production vers des activités de recherche de revenus par des personnes de groupes sociaux appartenant à l'élite de l’économie. »

 

En fin de compte, le détournement de fonds va de pair avec ces initiatives pas du tout altruistes : il s'agit d'une symbiose macabre de gestion de grosses affaires.

 

D'autre part, autour de ce schéma « d'assistance au peuple vénézuélien », ces membres du Congrès ont ajouté un segment dédié à l'assistance dans la préparation des forces militaires vénézuéliennes, une fois qu'un nouveau Gouvernement a été établi.

 

Cet alinéa fait la différence avec d'autres lois, car il dépasse la sphère commerciale et politique en touchant celle de la défense et de la souveraineté. Cette approche des États-Unis n’est pas surprenante car ils appliquent depuis longtemps le manuel d'ingérence dans différents pays, manuel dont l'objectif crucial dans l’ordre du jour international de la Maison Blanche est de réussir à contrôler les forces armées d'un pays afin de garantir leurs intérêts.

 

« Plus de blocus, plus de « sanctions »

Pour empêcher le Gouvernement vénézuélien d’obtenir tout type de financement, dans cette loi, la section sur l'imposition de « sanctions » indique que le secrétaire au Trésor des États-Unis aura le pouvoir de retenir tout paiement ou prêt approuvé par une institution financière internationale telle que le Fonds Monétaire International, la Banque Interaméricaine de Développement, l'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements, entre autres.

 

En plus de cela, pour élargir la portée de l'action de cette initiative de pendaison, il est inclus que le Gouvernement étasunien, devra encourager d'autres Gouvernements à restreindre toute relation commerciale et de crédit avec le Venezuela. De même, la loi stipule que des mesures coercitives seront imposées à tout Gouvernement étranger qui offrirait de l'aide ou de l'assistance au Vénézuélien.

 

Il était évident qu'un paragraphe serait fait pour empêcher tout type de financement de PDVSA puisque la licence de Chevron est une action qui a perturbé ces sénateurs comme l'a déclaré le républicain Risch l'année dernière : « Nous sommes profondément préoccupés par les plans du Gouvernement Biden destinés à alléger une fois de plus les sanctions. »

 

En revoyant cette loi, on peut constater que son l'intention est de s'ériger comme une Constitution pour le Venezuela élaborée par l’intermédiaire  des États-Unis.

 

Si ce projet de loi est promulgué, il pourrait annuler toute possibilité de normaliser les relations bilatérales avec les États-Unis.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/07/20/venezuela-la-proxima-agresion-que-prepara-washington-contra-caracas/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/07/venezuela-une-constitution-pour-le-venezuela-elaboree-aux-etats-unis.html