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Amérique Latine : L'opération contre le Venezuela au MERCOSUR

10 Février 2017, 17:24pm

Publié par Bolivar Infos

 

Le Venezuela a remis le 30 décembre 2016, la présidence tournante du Marché Commun du Sud (MERCOSUR) après 6 mois pendant lesquels il a été soumis à d'incessantes attaques de la Triple Alliance composée par l'Argentine, le Brésil et le Paraguay.

 

Par un communiqué diffusé sur Twitter, la chancelière vénézuélienne Delcy Rodríguez a signalé que la transmission s'est faite « conformément aux traités constitutifs. »

 

C'était la deuxième fois que le Gouvernement bolivarien assumait la présidence tournante du MERCOSUR.

 

Le Venezuela laissait derrière lui un semestre au cours duquel il a dû affronter les attaques de la Triple Alliance composée par l'Argentine, le Brésil et le Paraguay et de la communauté internationale. Cette année, les « menaces » du Secrétaire Général de l'Organisation des Etats Américains (OEA) d'application de la Charte Démocratique au Venezuela ont proliféré mais cette mesure n'a pas fait l'unanimité.

 

Ce qui est sûr, c'est que depuis que le Venezuela est entré au MERCOSUR en août 2012 et malgré les campagnes pour l'en chasser, il a travaillé pour donner un virage social au bloc en y faisant pénétrer la voix des travailleurs, des afro-descendants et des indigènes.

 

Le Venezuela entre au MERCOSUR

 

L'entrée du Venezuela au MERCOSUR comme membre de plein droit a eu lieu officiellement après la suspension du Paraguay suite au coup d'Etat contre Fernando Lugo en 2012, 6 ans après la demande d'entrée dans le bloc du Gouvernement de Chávez. Son entrée a été précédée dans la région par le coup d'Etat au Honduras en 2009 et des actions de déstabilisation en Bolivie et en Equateur.

 

C'est justement le Parlement du Paraguay qui a destitué le Président Fernando Lugo, celui-là même qui a posé des pièges pour empêcher l'entrée du Venezuela au MERCOSUR pendant des années, à la suite de quoi les députés et les sénateurs d'Uruguay, d'Argentine et du Brésil voteront en faveur de son entrée.

 

La diplomatie nord-américaine subissait alors une défaite comparable à celle de 2005 à Mar del Plata. Le plan de George Bush à ce moment-là était d'isoler le Gouvernement d'Hugo Chávez du reste des Chefs d'Etat du continent en essayant de déstabiliser l'un des processus de changement les plus radicaux du monde.

 

Qu'a fait le Venezuela depuis son entrée au MERCOSUR ?

 

Le président de l'époque, Hugo Chávez a souligné l'importance de l'incorporation du Venezuela au MERCOSUR en tant que membre de plein droit pour construire la Grande Patrie qui stimule le développement des peuples du continent.

 

« Nous sommes dans notre exacte perspective historique : notre nord est le sud, nous sommes où nous devions toujours être, nous sommes où Bolívar nous a laissés en suspens pour être maintenant et de toute éternité, » a-t-il déclaré lors de son discours à la session extraordinaire du MERCOSUR qui s'est déroulée à Brasilia, Brésil, le 31 juillet 2012.

 

Chávez soulignait les potentialités de développement du MERCOSUR avec les principales réserves de pétrole du monde du Venezuela certifiées pour 297 570 millions de barils et reconnues par l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le Venezuela arrive complètement au MERCOSUR, avec toute notre passion, notre volonté et nos désirs de nous intégrer dignement dans un nouveau mécanisme d'intégration qui aille au-delà du commerce. »

 

Lors de chaque sommet présidentiel, le Venezuela a demandé du temps pour aborder les problèmes qui affectent la vie des peuples comme le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale. « Les Gouvernements vont de sommet en sommet pendant que les peuples vont d'abîme en abîme, » avait l'habitude de dire Chávez.

 

La priorité dans le domaine social est entrée en contradiction avec l'objectif d'échanges commerciaux avec des transnationales qui ne perdent pas de vue la force de travail bon marché dans des pays qui possèdent d'abondantes ressources naturelles et énergétiques. L'idée du libre marché s'est toujours heurtée aux intérêts vénézuéliens. Cela a été l'une des raisons qui a empêché longtemps l'incorporation du Venezuela. Seule la suspension du Paraguay à la suite du renversement de Lugo a permis de surmonter l'obstacle qui freinait son entrée au MERCOSUR comme membre de plein droit.

 

Cependant, le Venezuela n'est pas arrivé à acheter au MERCOSUR tout ce qu'on lui offrait. Le Gouvernement du Président Chávez s'est toujours opposé à tout accord commercial qui mette en danger l'appareil local de production. Il réaffirmait qu'avec des accords uniquement commerciaux, les causes de l'exploitation du travailleur persistaient et que les accords devaient être indépendants des intérêts des corporations transnationales.

 

La Triple Alliance (Argentine, Paraguay et Brésil) peut-elle chasser le Venezuela du MERCOSUR ?

 

La présidence tournante du MERCOSUR pour le second semestre de 2016 est revenue au Venezuela selon l'ordre alphabétique et il l'a assumée automatiquement en juillet après que son prédécesseur, l'Uruguay, ait annoncé la fin de son mandat.

 

Cependant, une déclaration de la Triple Alliance des Gouvernements d'Argentine, du Paraguay et du Gouvernement de fait du Brésil porte atteinte à la légalité de l'organisation parce qu'ils ont fixé un délai jusqu'au 1° décembre pour que le Venezuela mette ses règles en conformité avec les règles du MERCOSUR s'il veut y rester.

 

L' Uruguay s'est abstenu à propos de cette exigence.

 

« Cette déclaration reflète (…) les étapes pour assurer l'équilibre des droits et des obligations dans le processus d'adhésion du Venezuela étant donné que ce pays n'a pas incorporé l'essentiel des règles du MERCOSUR dans sa législation nationale, » a indiqué la Chancellerie paraguayenne dans un communiqué.

 

A ce sujet, la chancelière vénézuélienne Delcy Rodríguez, a assuré que cette déclaration porte atteinte à la légalité de l'organisme et qu'elle exposera prochainement les règles du Venezuela et du reste des Pays Membres. « Au MERCOSUR, les décisions sont adoptées par consensus et en respectant les règles de fonctionnement. Nous ne permettrons pas de violations des Traités ni d'artifices anti-juridiques (…), c'est le reflet de l'intolérance politique et du désespoir des bureaucrates, » a-t-elle dénoncé.

 

La Triple Alliance (Argentine, Paraguay et Brésil) argumente que depuis son entrée au MERCOSUR le 29 juin 2012, le Venezuela n'a mis en conformité que 30% des règles de son pays en ce qui concerne le commerce, la politique de l'énergie, les infrastructures, la politique des droits de l'homme et de la défense (au moins 300 lois et 40 traités internationaux).

 

Pour le Venezuela, cette sorte de déclarations n'a pas de fondement juridique car au MERCOSUR, il n'y a pas de mécanisme qui sanctionne les pays membres pour un retard dans la mise en conformité des règles.

 

Le MERCOSUR a-t-il viré à droite ?

 

Aussi bien le président argentin Mauricio Macri que le président paraguayen Horacio Cartes et le président brésilien par interim Michel Temer se sont focalisés sur la violation de la légalité du MERCOSUR et l'isolement du Venezuela à partir du soi-disant manque de respect de la clause démocratique pour ne pas reconnaître la présidence tournante du Venezuela.

 

La rapidité de ces mouvements diplomatiques ont été également rendue visible à cause de la chancelière argentine Susana Malcorra qui a affirmé que le « problème avec la présidence du Venezuela est qu'elle porte atteinte à l'image internationale du MERCOSUR et aux négociations commerciales avec l'Union Européenne, à son avis. C'est clair.

 

L'opération contre le Venezuela au MERCOSUR part en particulier du Brésil, d'Argentine et du Paraguay focalisés sur le fait que le bloc aille vers l'Alliance du Pacifique qui comprend la Colombie, le Chili, le Pérou et le Mexique pour accéder aux accords Trans-pacifiques et Transatlantiques des Etats-Unis comme le recommande aussi le Centre d'études Atlantic Council (financé par Chevron, la banque HSBC, Kimberly Clark).

 

« Le Venezuela est devenu non un problème politique mais un problème humanitaire pour le monde, » a signalé il y a une semaine Peter Schechter, directeur du Centre d'études Atlantic Council pour l'Amérique Latine.

 

L'Atlantic Council est financé entre autres par les banques JP Morgan, Goldman Sanchs et HSBC, ce qui le met en relation immédiate avec des membres du cabinet de Mauricio Macri, comme son ministre des Finances Alfonso Prat Gay qui vient de JP Morgan et le président de la Banque Centrale de Michel Temer, Ilan Goldfajn qui vient de la banque ITAU dont les principaux actionnaires sont JP Morgan et Vanguard Corp.

 

La Triple Alliance entre l'Argentine, le Paraguay et le Brésil dénoncée par la chancelière Delcy Rodríguez a des intérêts économiques à signer des accords mondiaux avec les Traités Trans-pacifiques et Transatlantiques qui vont être arrêtés avec les Etats-Unis.

 

Le plan a été de stimuler le changement de Gouvernement au Venezuela (élu en 2013 avec 50,61% des voix) et comme ils n'y sont pas arrivés malgré la guerre non conventionnelle dont le Venezuela est victime, ils parient sur son isolement. Ils ont essayé d'abord avec l'application d'une clause démocratique qui rend possible la suspension d'un Etat membre qui a rompu l'ordre démocratique en vertu du Protocole d'Ushuaia, signé en 1998.

 

Mais cela n'a pas été possible. Au Venezuela, les pouvoirs publics sont pleinement en vigueur ainsi que les possibilités propres à un système démocratique.

 

Que se passera-t-il avec l'adhésion de la Bolivie?

 

En juillet 2015, les chanceliers des pays membres du MERCOSUR ont signé un document qui approuve l'adhésion de la Bolivie en qualité d'associé de plein droit car depuis décembre 2012, elle n'y participait que comme membre associé extérieur aux sommets (elle pouvait parler mais pas voter).

 

Malgré la signature de ce protocole, la Bolivie n'est pas considérée comme membre de plein droit tant que les chambres des députés de Bolivie, du Paraguay et du Brésil n'ont pas fait les démarches parlementaires.

 

Le MERCOSUR est un grand partenaire commercial de la Bolivie qui absorbe 55,1% de ses exportations. Si la Bolivie n'était pas un partenaire commercial et un membre de plein droit, le MERCOSUR y perdrait puisque la Bolivie est le principal fournisseur de gaz naturel des pays membres du bloc (Argentine et Brésil), un produit qui représente 90,9% des importations du MERCOSUR depuis ce pays.

 

De 2006 à 2015, les exportations de la Bolivie vers le Marché Commun du Sud ont atteint 38 314 millions de dollars alors que les achats du bloc à l'extérieur représentent 19 783 millions de dollars, laissant un solde positif de plus de 18 531 millions de dollars.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.telesurtv.net/analisis/La-operacion-contra-Venezuela-en-el-Mercosur-20160914-0020.html

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2017/02/amerique-latine-l-operation-contre-le-venezuela-au-mercosur.html