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Chili : Laura Richardson et la politique chilienne du lithium

24 Avril 2023, 17:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

En politique étrangère, il y a rarement des hasard ou au moins tout rima ou finit parrimer.

 

Entre le mardi 18 et le vendredi 21 avril, la général Laura Richardson, chef du Commandement Sud des forces armées des États-Unis, qui vient de déclarer que l'accès au lithium sud-américain est l'une des priorités stratégiques de la défense –pas de la diplomatie– de son pays, dans la compétition qu'il avec la Chine et face aux accords d'exploitation de l'entreprise chinoise CATL avec la Bolivie qui laissent pratiquement les États-Unis hors des plus importants salins du pays, se trouvait au Chili.

 

C'est la seconde fois que cette militaire – un général quatre étoiles – vient au Chili, en moins d'un an. Cette fois, c’est dans le but - au moins public - de discuter de la sécurité régionale avec des généraux chiliens et avec la ministre de la défense, Maya Fernández (PS), ce qui, en termes de défense signifie avertir sur les implications d’un rapprochement  avec la Chine et visiter Punta Arenas, d'où est originaire le président Gabriel Boric, face à la possibilité qu'une base chinoise s’implante dans la région de Magallanes, ce qui donnerait à la Chine un accès à l’Antarctique.

 

À ce sujet, je recommande de lire ce profil politique de Richardson écrit par Camilo Solís dans Interférence, au moment où la général suggérait de fermer les médias russe, RT et Spoutnik en Amérique latine où ils ont 30 millions de lecteurs : « Laura Richardson: la chef du commandement sud des USA qui veut le lithium sud-américain, et que ferment Russia Today et Spoutnik ».

 

« Moins de deux ans après sa nomination, selon certains analystes et journalistes internationaux, Richardson s'est caractérisée par un travail de communication à partir de cette tribune, beaucoup plus important, direct et polémique en termes de récupération de l'influence étasunienne sur l'Amérique du Sud et les Caraïbes, au point que certains pensent qu'il pourrait s'agir d'indices d'une sorte de nouvelle doctrine Monroe, » dit l’article.

 

Cette visite au Chili est en relation directe avec la visite que Richardson a faite juste avant  en Argentine, où elle a également discuté avec des militaires argentins et avec le chancelier argentin Jorge Taiana (parti justicialiste), des portées du pôle logistique que les Argentins veulent développer en Terre de Feu et d'autres sujets liés à des achats militaires et à l'énergie nucléaire. On n’a pas, semble-t-il, discuté du problème du lithium, au moins publiquement.

 

Mais sa présence au Chili, juste au moment où Boric annonce la politique nationale du lithium, un moment où il a fait un clin d’oeil évident aux intérêts étasuniens comme l’a rappelé Joaquín Riffo dans « Trois clés de la politique nationale du lithium : les 4/7 pour la création d'une entreprise d'État, le rôle de CODELCO et D’ENAMI, et les clins d’oeil aux États-Unis. »

 

" Ce qui est certain, c'est que pendant son allocution depuis les ruines de Huanchaca à Antofagasta, le président Gabriel, Boric s'est donné le temps de remercier pour ses paroles la chambre chilienne, nord-américaine du commerce AmCham Chile, l’unique syndicat de cette sorte auquel le président a fait référence, écrit Riffo. Selon l'article, c’ était une allusion directe aux paroles de la gérante générale Paula Estévez: « Etant les représentants de l'un des investissements étrangers les plus importants dans le pays, nous apprécions l'annonce d'une nouvelle politique nationale du lithium réalisée par le président de la république, Gabriel, Boric, et nous soutenons l'invitation à réaliser un effort commun public et privé pour le développement d’une industrie avec un grand potentiel de création de valeur partagée. »

 

Les observateurs attentifs de ce qui est en train de se passer avec la chancellerie du Chili et le lithium n'ont pas pu ne pas noter la ressemblance entre les mots d’Estévez, implicitement assumés par Boric, avec ce qu’a déclaré Juan Gabriel, Valdés (PS), l'ambassadeur du Chili aux États-Unis, et qui peu que peu, ressemble à une doctrine officielle de l'État chilien : « Nous voulons des investissements étasuniens, canadiens et occidentaux au Chili, », a-t-il dit à propos du lithium, à au sommet SAFe à Washington DC, déclenchant la gêne de l'ambassadeur chinois au Chili,Niu Qingbao, et forçant des nuances de la part du chancelier Albero van Klaveren (proche du PPD).

 

Tout cela, Riffo et moi, l'avons recueilli dans stratégie chilienne du lithium dans les limbes : l’Ambassadeur Valdés soutient les États-Unis est le chancelier Van Klaveren envoie des signaux à la Chine.

 

Au moment où se décidait la politique nationale du lithium, non seulement se déroulait l’ENADE ou Boric a renoncé à annoncer sa stratégie par rapport à ce minerai, et où, dans plusieurs allocution, on a évoqué la nécessité pour le Chili, à un certain moment, de prendre parti dans la dispute géopolitique entre les États-Unis et la Chine (tous semblaient plus favorables aux intérêts des États-Unis). Mais Richardson se trouvait à 2 000 km de Santiago et à 3 400 de Calama, à Punta Arenas. Cela a-t-il eu une incidence sur les paroles de Boric ou sur le rapprochement du président avec  l’AmCham Chile?

 

A propos de l’ENADE, je recommande de la couverture que nous avons faite Camilo Solis et moi dans laquelle nous avertissons qu'il est curieux que Van Klaveren ait participé à  ce rendez-vous patronal car il n'est pas fréquent que le chancelier assiste à cette événement, même s’il y avait plusieurs légations diplomatiques au premier rang et au second rang. ENADE 2023: les patrons reprennent les rênes, imposent la croissance et la sécurité comme axes de l'ordre du jour  et laissent de côté les inégalités.

 

En ce qui concerne la question de Richardson, il faut signaler qu’à présent s'ouvre une étape dans laquelle l'exploration et l’exploitation du lithium dépendra des contrats que    CODELCO et ENAMI signent avec des privés, le contrat qui sont présidées par le trois. Maximo Pacheco (PS) et la ministre des mines, Marcela  Hernando. C’est dire que tout est dans les mains de l’aile social-démocrate du Gouvernement. Cela dans des instances dans lesquelles il y a eu des rapprochements de Boric lui-même avec les intérêts des États-Unis, comme cet étrange rendez-vous virtuel que le président chilien a eu avec son homologue d’Ukraine Volodymyr Zelensky comme je l'ai écrit dans Interférence : « La chancellerie confirme l'engagement du Chili pour le déminage maritime en Ukraine mais écarte la remise d'armes ou de munitions. »

 

Reviendra-t-il en arrière ou compensera-t-il la présence d'entreprises chinoises dans les mines chiliennes avec des entreprises qui « partagent les valeurs de l'Occident » ?

 

Peut-être, mais la Chine, qui a déjà des intérêts très importants au Chili, et pas seulement dans le secteur minier, devra s'en contenter.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/04/23/chile-laura-richardson-y-la-politica-chilena-del-litio/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/04/chili-laura-richardson-et-la-politique-chilienne-du-lithium.html