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Chili : 50 ans, après le coup d'Etat, les organisations de victimes et l'État s'affrontent lors d'une audience de la commission inter-américaine

12 Novembre 2023, 18:13pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Fernanda Araneda

 

L'avocate de Londres 38, Karinna Fernández a signalé que cette instance a eu comme objectif « d'utiliser les 50 ans non comme un espace de commémoration mais comme une exigence de reddition de comptes. »

 

L'impunité biologique, les dégâts transgénérationnels et les obstacles pour accéder à la justice à propos des affaires concernant la dictature ont été certains des sujets que les organisations de mémoire ont évoqués lors d'une audience spéciale de la commission Inter-américaine des droits de l'homme (CIDH), qui a eu à Washington, mercredi dernier, 8 novembre.

 

Cette instance a été sollicitée par le groupe des familles de détenus et de disparus((AF DD), les espaces de mémoire, Londres, 38 et l'organisation des fils et des filles pour l'identité, la justice contre l'oubli et le silence (HIJOS) qui ont utilisé « les 50 ans, non comme un espace de commémoration mais comme une exigence de reddition de comptes. » C'est ce qu'a expliqué dans une conversation avec radio et journal université du Chili l'avocate de Londres 38 Karinna Fernández qui, en outre, l’a également déclaré lors de l’audience.

 

«En général, ce s'ont d'espaces de dialogue entre ceux d'entre nous qui plaident des affaires et veulent faire valoir la dimension de la dette ou la responsabilité, et les États. Il y a un dialogue auquel les États répondent de différentes manières, ce qui nous permet de provoquer certains débats au niveau interne», a-t-elle ajouté.

 

Consultée à propos des principaux sujets de son exposition, dont ont également fait partie la membre de la table de direction de Londres 38, Erika Hennings, l'avocate Magdalena   Gárces, la psychologue médico-légale Ruth Vargas, Fernandéz a souligné la nécessité de faire preuve de diligence dans les enquêtes judiciaires sur les affaires de dictature, compte tenu du fait que de nombreux parents des victimes sont âgés ou morts.

 

« Aujourd'hui, il y a beaucoup de femmes qui ont des maladies mentales et qui vivent les dernières années de leur vie, sans peut-être même se souvenir de toute la recherche dans de toutes les recherches dans lesquelles elles se sont engagées, », a dit l’avocate.

 

D'autre part, Fernandes a noté que les organisations de victimes exigent qu'on en finisse avec des figures légales comme la prescription. Cette dernière, en général, n'est pas appliquée par les tribunaux de justice chiliens mais a été pris en compte, il y a quelques jours, dans l'affaire judiciaire du détenu disparu Boris Weisfeiler.

 

« Lundi dernier, la cour suprême a appliquée la prescription dans l'affaire de Boris Weisfeiler. Olga, la sœur de celui-ci, est également venue à cette audience, justement, pour signaler qu'il était très grave qu’au Chili, des règles comme la prescription, l'amnistie soient toujours en vigueur et que la disparition forcée soit absente du code pénal. »

 

« De plus, cette affaire montre comment l'absence d'un processus transparent de nomination des juges a permis à une ministre telle que la ministre du travail, María Cristina Gajardo, d'arriver et de dicter elle-même une sentence de la deuxième chambre de la Cour Suprême à propos d'une victime qui est portée disparue depuis 1985, » a-t-elle affirmé.

 

La réponse de l'État

Pour répondre à l'exposition de la société civile, l'État du Chili a envoyé à Washington trois représentants : la chef de la division de protection du sous secrétariat aux droits de l'homme, Daniela Quintanilla, la chef du programme des droits de l'homme, Paulina, Zamorano et le ministre coordinateur des affaires des droits de l'homme de la cour suprême, Mario Carroza.

 

Dans ce contexte, l'avocate Karinna Fernández a regretté l'absence d'une autorité du Gouvernement comme le ministre de la justice, Luis Cordero, et a souligné la présence du représentant du pouvoir judiciaire.

 

« Malheureusement, le ministre de la justice n'est pas venu ni aucune autorité, ce qui était important dans cet espace a été perdu, mais le ministre Cardoza est venu. Là, on a créé une instance dans laquelle nous, nous avons dit que ce qui était important, c’était que les victimes et leurs représentants soient écoutés dans les espaces de formation des juges. »

 

En ce qui concerne la réponse qu'ils ont reçu de la commission inter-américaine, Karinna Fernández a dit qu'elle était bonne. L'avocate a signalé que cet organisme international a été réceptif, et qu’il a même part partagé son inquiétude pour l'absence points de vue de genre dans l'exposition de l'État chilien.

 

« La commission a déclaré qu'il était très impressionnant que malgré la dénonciation que nous avons faite à propos de la violence sexuelle contre les femmes sous la dictature, l'État n'ait pas évoqué le sujet, ni même les droits des victimes qui ont survécu à la torture.»

 

De toute manière, Fernández a précisé que cette audience n'a pas seulement servi à engager un dialogue avec l'État chilien mais aussi à parler avec la CIDH elle-même de leurs dettes envers les victimes.

 

Dans son exposition, les organisations lui ont reproché le grand nombre de cas de violation de droits de l'homme dénoncé à la commission inter-américaine dont elle ne s’est pas occupée et aussi d'absence d'un acte symbolique que la CIDH aurait pu faire à propos des 50 ans du coup d’Etat.

 

« Ce que nous demandons, c'est que la commission Inter-américaine rappelle publiquement qu'il y a 50 ans, son secrétaire exécutif, s'est rendu au Chili. C'était la première autorité internationale qui se rendait dans notre pays sous la dictature, et nous pensons qu'il est important de rappeler ce moment significatif de l'organisme international comme une façon de nous opposer au négationnisme, » a-t-elle estimé.

 

Enfin, l’avocate de Londres 38 a qualifié cette audience d'instance très importante, puisque «l'espace pour être écouté n'est pas quelque chose que nous avons souvent. »

 

« On nous a permis d'être dans un espace de dialogue avec des acteurs importants, non seulement chiliens, mais de notre système, et justement nous pensions qu'il est important de réaffirmer l'idée que les 50 ans ne sont pas un espace de commémoration mais un espace de reddition de comptes. Tous doivent rendre des comptes sur leur responsabilité aussi bien sur ce qui a été fait que sur les projections de ces matières vers l'avenir , » a-t-elle conclu.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/11/11/chile-50-anos-del-golpe-organizaciones-de-victimas-y-estado-de-chile-se-enfrentan-en-audiencia-de-la-comision-interamericana/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/11/chili-50-ans-apres-le-coup-d-etat-les-organisations-de-victimes-et-l-etat-s-affrontent-lors-d-une-audience-de-la-commission-inter-americaine.html