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Venezuela. Nourrir le malaise : les États-Unis et les fonds bloqués

28 Avril 2023, 17:41pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

La libération de 3 200 000 000  de dollars a été l'un des points de l'accord social signé entre le Gouvernement vénézuélien et un secteur de l'opposition représenté par la Plate-forme Unitaire à la clôture de la réunion qui a eu lieu au Mexique fin novembre de l'année dernière. De nombreux événements se sont déroulés depuis cette date, aussi bien dans le pays  qu’au niveau international, mais le rapatriement des fonds du pays n'a pas encore eu lieu.

 

L'objectif du soi-disant « deuxième accord pour la protection sociale du peuple » était de répondre aux impacts sociaux et économiques les plus importants pour la vie de la population à cause de l'utilisation large et généralisée des « sanctions » par Washington. À savoir : Limitations économiques et salariales, difficultés d'accès aux aliments, réduction de la disponibilité des vaccins et autres fournitures dans les centres de santé publics, défaillances des infrastructures électriques et éducatives.

 

QUELS ONT ÉTÉ LES ENGAGEMENTS ?

 

Sur l'accord lu par le chef de l'équipe de facilitation du Royaume de Norvège, Dag Nylander, il faut souligner ce qui suit :

 

« (...) convaincus de l’urgence et de la nécessité de ces mises en œuvre, les parties ont décidé de faire toutes les démarches auprès des autorités et institutions nationales et étrangères, publiques ou privées correspondantes pour obtenir les fonds légitimes de la république qui sont gelés dans le système financier international ».

 

Cela engageait directement la Plateforme Unitaire, les États-Unis et l’Union européenne, qui ont mis en place une bonne partie des mesures coercitives contre le patrimoine financier de l’État vénézuélien, à gérer rapidement, compte tenu des urgences sociales évoquées dans le document, la libération des ressources pour alimenter le « Fonds pour la Protection Sociale du Peuple. »

 

L'accord fait partie du processus de dialogue et de négociation installé au Mexique en août 2021 avec la facilitation de la Norvège, et a créé trois instances pour sa mise en œuvre :

 

1. Une Table ronde nationale d'attention sociale: chargée de la mise en œuvre des programmes de protection sociale.

 

2. Un groupe spécial pour l'attention portée au sur-respect des règles : chargé d'identifier et de résoudre les cas de sur-respect des règles de « sanctions » qui empêchent l'accès aux ressources de l’État.

 

3. Une Commission de suivi et de vérification des accords

 

Le sur-respect est compris comme la décision de certaines institutions financières de bloquer les fonds de l'État vénézuélien pour éviter de futures « sanctions », ce qui correspond à une certaine complicité secrète de la part des banques et des institutions financières du monde occidental.

 

Lors d'une conférence de presse, Jorge Rodríguez, président de l'Assemblée nationale et chef de la délégation du Gouvernement vénézuélien, a expliqué que les ressources seraient destinées aux projets suivants au Venezuela :

 

- Infrastructures et matériel technologique de plus de 2 300 écoles.

 

- Plus de 1 000 000 000 de dollars destinés à la dotation totale de tous les vaccins du système d’immunisation et au paiement du Fonds rotatif de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS).

 

- Fourniture de médicaments pour plus de 60 000 patients atteints de cancer.

 

- Fourniture de médicaments pour les patients séropositifs.

 

- Reprise du programme de radiothérapie.

 

- La dette chirurgicale au niveau national.

 

- Récupération de 7 banques du sang.

 

- Modernisation et équipement de 10 hôpitaux maternels et infantiles.

 

- Revitalisation de 21 hôpitaux du réseau national hospitalier.

 

- Plus d1 000 000 000  de dollars destinés au système électrique national pour augmenter la production de plus de 432 mégawatts et renforcer le système de transmission.

 

Les chefs des deux parties dans le  processus national de dialogue, Jorge Rodriguez et Gerardo Blyde, ont déclaré publiquement qu'il s'agirait de "plus de 3 000 000 000 de dollars", initialement. Ces fonds légitimes de la République sont gelés dans le système financier international depuis 2018 après le siège continu des élites qui déterminent la politique des États-Unis et de l'Europe, et constituent une fraction des plus de 20 000 000 000 de dollars « bloqués » - dit l'accord - par des banques et d'autres institutions financières.

 

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

 

Les parties se sont engagées à gérer auprès des organismes internationaux et nationaux concernés la libération de l'argent de la République gelé et son transfert à ce fonds pour le paiement des projets en question.

 

Dès le début, il y a eu une divergence dans la façon dont les ressources seraient administrées. Le président de l'AN a déclaré que le Fonds serait géré par les institutions de l'État, tandis que Blyde indiquait que l'argent serait "protégé" par les Nations Unies et débloqué "progressivement" pour administré par le Programme des Nations Unies pour le développement, l'OPS et le Programme alimentaire mondial. Cependant, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en plus d'applaudir les résultats préliminaires des négociations, a exprimé l'engagement de l'organisme multilatéral à les soutenir dans la mise en œuvre de l'accord, conformément à ce qui est formulé dans le texte signé, où l'institution aurait un rôle d'accompagnement dans la gestion des ressources.

 

Entre déclarations et justifications, les porte-parole de la Plateforme n'ont pas pu expliquer le non-respect de cet accord. L'ancien député Staline Gonzalez, membre de la délégation de l'opposition, a expliqué en janvier que le processus était en phase d'identification des ressources gelées à l'étranger, sans donner de détails. Ce jeudi 27 avril, il a déclaré à Unión Radio que le Gouvernement devait « contribuer » à la recherche de solutions pour accéder aux ressources retenues à l'étranger, oubliant que l'État vénézuélien est la partie lésée et que c'est l'opposition qui a dirigé l'appropriation illégale des actifs vénézuéliens dès le début.

 

Entre-temps, le président Nicolás Maduro et d'autres fonctionnaires de l'État vénézuélien ont dénoncé le fait que les États-Unis continuent à refuser de débourser l’argent. Il a récemment envoyé un message public à la Plateforme, en particulier à Blyde, réaffirmant que le « seul moyen » pour qu’une délégation du Gouvernement revienne à la table de dialogue au Mexique serait que l'accord signé en novembre 2022 soit respecté.

 

Pour sa part, lors d'une interview accordée au journaliste Román Lozinski, Blyde a répondu au président que « lui — le président Maduro — et sa délégation savent sur quelle page se trouvent les Américains, qui sont également les possesseurs de la plupart des régimes « sanctionnants ». (...) Il sait ce qui a freiné l'exécution », a-t-il déclaré, dans une déclaration de contrôle des dommages qui couvre l'incapacité à mener à bien l'engagement pris en novembre.

 

La procrastination pour libérer ces ressources met en évidence l'intention de Washington de prolonger les effets sociaux et économiques néfastes dus à sa campagne de "sanctions", et révèle également la façon dont il utilise le malaise de la population et les blessures accumulées par rapport à des aspects humanitaires - très sensibles - comme catalyseur des pressions et des chantages contre le Gouvernement vénézuélien. Ainsi, Washington cherche à faire dérailler la recomposition sociale et économique du pays entreprise par Maduro et bloque une importante base de ressources sur laquelle son Gouvernement pourrait compter.

 

C'est précisément la destination des fonds qui révèle sur quels points de malaise Washington souhaite faire pression pour capitaliser politiquement le mécontentement lors de la tenue des primaires où les oppositions sont présentes. Les infrastructures éducatives et de santé et les défaillances des services publics sont des problèmes de premier ordre pour la population et ont une place importante dans la conversation publique, et c'est là que les États-Unis misent sur l'approfondissement des faiblesses accumulées lors de la recrudescence des « sanctions », et cherchent à frapper  directement les perspectives de rétablissement.

 

En fin de compte, les États-Unis agissent aujourd'hui en tant que principal responsable du fait que ces problèmes ne se résolvent pas.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/04/27/venezuela-alimentar-el-malestar-ee-uu-y-los-fondos-acordados-en-mexico/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/04/venezuela.nourrir-le-malaise-les-etats-unis-et-les-fonds-bloques.html