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Venezuela : Le gagnant gagnant de l'adhésion de Caracas aux  BRICS

16 Juin 2023, 16:54pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Le Venezuela pourrait diversifier son économie et transformer les BRICS en une méga puissance énergétique.

 

Début juin, le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a manifesté son intérêt à faire entrer son pays dans les BRICS, un bloc composé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Cette proposition à l’aval du président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva.

 

« Je suis partisan du fait que le Venezuela intègre les BRICS. Nous allons rapidement nous réunir et nous devons évaluer plusieurs demandes d'intégration, », a déclaré Lula le 29 mai dernier lors d'une réunion bilatérale avec son homologue vénézuélien à Brasilia.

 

Avant sa rencontre avec Lula, Maduro avait affirmé dans une allocution : « Le Venezuela fait le pari du nouveau monde des BRICS», en raison de l'excellente action économique, du bloc et de sont objectif de construire « un noyau de pouvoir mondial alternatif au vieux noyau impérialiste et colonialiste de l'Occident. »

 

Le bloc qui monte

 

Depuis sa création en 2006, l’importance géopolitique de ce bloc a augmentée. Conçu initialement comme le regroupement d'économies considérées comme « émergentes », selon la lecture de l'Occident, le poids spécifique d'acteurs comme la Chine et la Russie lui a donné une connotation qui a rapidement dépassé la sphère des échanges commerciaux.

 

Si on ne considère que le domaine économique, des calculs récents basés sur des chiffres de l'année 2020, montrent que les BRICS représentent déjà 31,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial ajusté par la parité de pouvoir d'achat par rapport aux pays du groupe des 7 (G7), formé par les États-Unis, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et l'Italie qui apporte 30,7 %.

 

Les résultats, présentés début mars par le consultant Richard Dias d'Acorn Macro Consulting, montrent également qu'alors que les BRICS connaissent une expansion économique, le G7 affiche le comportement inverse. C'est pourquoi, selon ses estimations, l'écart se creusera encore davantage dans les années à venir.

 

Nouvelles relations, nouveau monde

 

L'estimation des membres des BRICS en terme d'impact géopolitique est également significative : deux d’entre eux, la Russie et la Chine, disposent d'un siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU, et avec leurs autres partenaires, encouragent activement la thèse du monde multipolaire dans lequel les relations de respect et de bénéfice mutuel entre les Etats, sans ingérence ni sanctions prédominent.

 

La Chine, principale responsable de la position économique des BRICS a déjà été désignée par la Maison-Blanche, comme « un défi » pour ses intérêts hégémoniques. Pendant les 5 dernières années, Washington serré la vis et fait pression sur Pékin avec des sanctions contre des compagnies technologiques et avec la question de Taiwan. Tout indique que la tension persistera.

 

La Russie, l'autre titan du bloc, il a été définie directement comme une « menace. » En plus de lui imposer de nombreuses restrictions, les pays de l'OTAN se sont donné pour objectif de la vaincre militairement en Ukraine.

 

Cependant, malgré l'intérêt collectif de l'Occident à isoler la Russie sur le plan international, sa position a contribué de manière significative à la dédollarisation au sein des BRICS et dans les transactions avec ses principaux partenaires, ainsi qu'à l'accélération de l'émergence de la Banque de développement du bloc, qui se veut une alternative au Fonds monétaire international (FMI).

 

Ce que Caracas apporterait aux BRICS.

 

Ce qui précède explique l'intérêt de Caracas à se joindre aux BRICS. Un bilan préliminaire montre que son adhésion, ferait automatiquement du bloc une méga-puissance énergétique car si les hydrocarbures russes représentent déjà un avantage compétitif, le Venezuela dispose de la réserve certifiée de brut la plus importante du monde et est en train de faire certifier la cinquième réserve de gaz naturel la plus importante.

 

Un récent rapport publié par le Centre latino-américain de géopolitique (CELAG) montre que si l’incorporation du Venezuela à cet espace se concrétise, les BRICS contrôleront 26,2 % de toutes les réserves mondiales de pétrole, et que si l'Arabie Saoudite et l’Iran y adhèrent – les deux pays ont exprimé leur intérêt à ce sujet – ils en contrôleraient 35,3 %.

 

Mais l'énergie n'est pas tout. Le rapport ajoute : « Intégrer les Brix peut contribuer à diversifier l'économie vénézuélienne avec une meilleure coopération dans des domaines, comme l’agriculture […], les médecines de l’Inde […] et l'investissement dans des infrastructures au-delà du pétrole. »

 

D'autre part, la tendance que nous avons déjà mentionnée vers la dédollarisation profiterait indubitablement au Venezuela qui souffre de grosses difficultés pour exporter et importer toute marchandise à cause des sanctions des États-Unis.

 

Dans cet ordre d’idées, les BRICS sont en train de discuter de l'adoption d'une devise unique et en Amérique du Sud, Lula encourage une monnaie commune comme alternative à la domination financière du dollar. Même si ces initiatives ne sont pas pour tout de suite, depuis que les sanctions contre la Russie ont débuté, le bloc a augmenté significativement son commerce interne en monnaie nationale, ce qui a montré qu'il est possible d'échapper efficacement aux restrictions unilatérales sans préjudice pour le pays sanctionné ni pour ses partenaires.

 

Néanmoins, l'inclusion de Caracas dans ce bloc pourrait être interprété par les États-Unis comme une preuve irréfutable de l'influence croissante de Pékin et de Moscou en Amérique latine et devenir un prétexte pour de nouvelles actions hostiles dans différents domaines, pas seulement en économie, pour récupérer des positions dans la région face à ses principaux adversaires.

 

Élargissement en vue

Depuis 2018, les états membres des BRICS ont engagé des discussions pour s'élargir car la dernière adhésion, celle de l'Afrique du Sud, date de 2010. Ainsi, en 2022, alors que la Chine exerce la présidence « tournante » du bloc, le porte-parole de la chancellerie, Wang   Wenbin, a affirmé que le géant asiatique « soutient activement le début du processus d'expansion des BRICS et l’élargissement du format BRICS+». Et en décembre de la même année, le chancelier russe, Sergueï Lavrov, a affirmé que si le bloc acceptait tous les pays qui souhaitent le rejoindre, il serait formé par 15 à 17 Etats.

 

Jusqu'à présent, la liste des pays intéressés comprend l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Algérie, l'Égypte, les Emirats Arabes  Unis, l'Indonésie, l'Iran, la Tunisie, la Turquie et le Venezuela mais on n’a pas encore défini les protocoles d'entrée ni fixé de délai pour l'éventuel élargissement du bloc.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/06/15/venezuela-brics-el-ganar-ganar-que-reviste-la-posible-adhesion-de-caracas-al-bloque/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/06/venezuela-le-gagnant-gagnant-de-l-adhesion-de-caracas-aux-brics.html