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Argentine : Le cinéma argentin affronte la tronçonneuse

15 Mars 2024, 18:32pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Nicolás Hernández

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

L’ajustement organisé par le président argentin avance contre l'organisme national qui se consacre à l'encouragement et la promotion du cinéma et des arts audiovisuels.

 

L'avancée de la démolition de l'État argentin par le Gouvernement deJavier Milei ne s'arrête pas et cette semaine, elle a  été accélérée dans une série de mesures qui portent atteinte directement à l'Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuel (INCAA).

 

« L'activité est complètement arrêtée depuis trois mois. Ainsi, ce qu'on vit est comme une désolation, nous ne savons pas que penser de ce qui va arriver. Dans notre activité, on ne  peut rien prévoir aujourd’hui. C'est pourquoi il n'y a pas de rodage, » déclare Mayra Bottero, scénariste, productrice et directrice de cinéma, à propos de la situation actuelle de l'une des industries cinématographique, les plus développés d'Amérique latine.

 

Elle souligne aussi que se trouve sans activité les processus de post-production pour lesquelles des technicien, des professionnels, des auteurs qui développaient leurs activités autour du cinéma, se trouve aujourd'hui sans travail : « il n'y a pas une menace proche d'être sans travail, c'est déjà un fait. »

 

En outre, le cinéma est l'un des secteurs qui a eu le plus de croissance concernant la création d'emploi ces dernières années.

 

De 2007 à 2022, les postes de travail direct en relation avec ce secteur ont augmenté de 45 % et si on tient compte de la croissance inter-annuelle entre les années 2021 et 2022, ce chiffre a été de plus de 17 %, ce qui fait de l'industrie de l'audiovisuel l'un des secteurs de l'économie Argentin le plus dynamique.

 

La tronçonneuse à l’INCAA

 

Une grande partie du développement audiovisuel en Argentine et dû aux politiques publiques qui encouragent la production audiovisuelle. Depuis 1968, il existe une loi qui encourage et fomente l'activité cinématographique nationale ((loi 24 377, anciennement loi 17 741), et l'activité industrielle de l'audiovisuel est reconnue en tant qu'industrie et incluse dans le régime de la promotion de l'économie de la connaissance.

 

La promotion, le financement et l’encouragement de cette activité économique et culturelle est à la charge de l'Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuel, une entité publique non étatique, qui fonctionne dans le domaine de l'ancien ministère de la culture de la nation (aujourd'hui, Secrétariat) qui a des bureaux et des employés et gère l'argent qui provient, pour la plupart, du secteur privé grâce à des assignations spécifiques, et c'est une entité autarcique, c'est-à-dire que le Gouvernement national ne définit pas ses actions et n’interfère pas dedans.

 

Mais le Gouvernement Milei a décidé d'engager la démolition de l’INCAA. Mardi matin, le Gouvernement a ordonné grâce a la résolution 16/2024 de une suspendre toutes les dépenses et tout soutien économique, de ne pas renouveler les contrats qui viennent à échéance le 31 mars, de suspendre le paiement des heures supplémentaires, de suspendre les voyages du personnel et le financement des festivals.

 

La déléguée de l'Association des Travailleurs de l'État correspondant à l'INCAA, Ingrid, Urrutia, signale que « le plan qu'ils ont, c'est de réduire l'INCAA à sa plus simple expression et cela implique une attaque directe du cinéma national. »

 

Selon l'analyse du syndicat, le non renouvellement des contrats se traduira par la perte de la source de travail de 170 personnes, et il évoque le fait que les autorités ont exprimé leur volonté d'avancer dans l’examen des 645 emplois qui sont l'usine permanente de l'institut avec des retraits volontaires ou des retraites anticipées.

 

« Perdre chacun, chacun de ses postes de travail, signifie perdre l'une des tâches indispensable de cette institut que ses travailleurs aiment, que ses travailleurs défendent, et ils ne vont pas laisser faire qu’une direction comme celle-ci qui a décidé de venir pour tout avance aussi, simplement, » a déclaré Urrutia.

 

La justification officielle

 

La décision du Gouvernement n'est pas une surprise étant donné que pendant sa campagne présidentielle, Milei avait affirmé qu'il allait fermer l'INCAA ainsi que les médias publics et l'agence Telam qui a été détruite au début mars et dont tout le personnel a été licencié.

 

Dans son discours, il affirmé que ses organismes de l'État ne sont pas rentables : « s’il génère du déficit, c'est parce qu’il ne crée pas un produit appétissant pour le marché. Dans des conditions normales, il ne devrait pas exister, il devrait faire faillite. Et s’il ne fait pas faillite, c'est parce que justement il est financé par une subvention, c'est pourquoi d'une certaine manière, quelqu'un doit payer, » a-t-il affirmé à août 2023 sur une radio locale.

 

Le communiqué émis par le ministère du développement humain qui a accompagné la résolution administrative est sur la même ligne. Il justifie le début d'un « processus de remise en ordre.de l’INAA »  dans le but de « réduire de façon drastique les dépenses de l'institut. »

 

Selon ce officiel, l'institution enregistre « un déficit de 4 millions de dollars, une partie en partie financé par le Trésor National et l'autre reportée et à payer par l'administration actuelle. Il est faux de dire que l'INCAA s’autofinance. »

 

Et il s'achève sur « notre engagement envers le déficit 0 % est non négociable. Les années pendant lesquelles des festivals de cinéma étaient financés avec la faim de milliers d'enfants sont terminées. »

 

Un organisme autofinancé.

 

Pour la déléguée syndicale de l'NCAA, « ce ministère qui n'a rien d'humain et tout d'inhumain », base sa décision sur deux choses fausses : « la première, que l'INCAA à un déficit de 4 000 000 de dollars. En réalité, ses ressources sont partis du Trésor National, elles ont été demandées l'année dernière, et ce n'est pas une dette, elles ont été demandées par des fonds spécifiques et ont été allouées par Economía. »

 

En fait, l'institut de cinéma se finance principalement grâce au Fonds de Création Cinématographique (FFC) établi par la loi 24 377, de 1994. Cela s'intègre avec un impôt de 10 % sur le prix des entrées de cinéma, 10 % sur le prix de vente des « enregistrements vidéo » (comme les DVD) et 25 % sur les revenus de l'entité nationale des communications (ENACOM) à partir de l'impôt sur la facturation des chaînes de télévision, des services de câble et d'autres items moins importants.

 

Les défenseurs de l'institution indiquent que l'organisme s'auto-finance. Selon le budget 2021, le FFC représentait 70 % des dépenses de l'INCAA et dans le budget 2022, le fonds a couvert, 80 % de l'argent utilisé.

 

Le second point, « à propos de la faim et de la pauvreté qui existent dans notre pays, elles ne sont pas de la responsabilité du cinéma, », souligne Urrutia et elle ajoute que le cinéma a dénoncé la responsabilité politique des différents Gouvernements qui ont permis les inégalités et « que les classes populaires finissent toujours par payer les décisions économiques de continuer à endetter notre pays envers le FMI. »

 

« Le cinéma national n'est pas responsable, il n'enlève pas la nourriture de la bouche d'un enfant pour créer le cinéma national. Mais, en revanche, aujourd'hui, nous avons des centaines de consommateurs dans notre pays qui ne reçoivent pas d'aliments, et ce n'est pas la faute du cinéma. Pourquoi le cinéma est-il arrêté et ne donne-t-on pas un péso au cinéma? »

 

Tous unis pour le cinéma national

 

En réponse, de nombreux secteurs de la culture ont manifesté leur solidarité avec l'NCAA, ses travailleurs et le secteur en général. Depuis différents espaces, de multiples activités ont été convoquées pour donner conscience à la communauté en général de l’importance de l'institut et dénoncer l'ajustement irrationnel du Gouvernement.

 

Urrutia, depuis le siège du cinéma, Gomont, un cinéma récupéré et géré par l'INCAA pour diffuser le cinéma national, raconte que « nous commençons à nous organiser et nous convoquons non seulement les travailleurs, mais tout le secteur à se mobiliser, à le faire dans l'unité, nous avons beaucoup à défendre. Ce n'est pas seulement un organisme de plus de l'État, c'est une fierté nationale. »

 

Pour sa part, Bottero déclare : « Moi, particulièrement, j'essaie de participer le plus que je peux depuis la plate-forme UNIDXS pour la Culture, nous nous organisons, nous nous mettons en action. Pouvoir dire à la communauté, à nos populations mais aussi à la population internationale que ce qui est en train de se passer n'a pas de précédent dans les dernières décennies. On ne peut pas le permettre. »

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/telesuragenda/cine-argentino-enfrenta-motosierra-milei-20240314-0027.html

URL de cet article :

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