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Bolivie : Les vols suspects de l’avion présidentiel de Jeanine Áñez au Brésil

13 Juin 2020, 15:32pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Felipe Yapur

Après le coup d'Etat, le FAB001 a volé vers Brasilia où il a réalisé des transferts internes pendant 16 jours avant de regagner La Paz.

 

Comme toute dictature, celle qui gouverne la Bolivie avec Jeanine Áñez à sa tête a imposé à la société de ce pays un blocus communicationnel dès la première minute du coup d’État contre Evo Morales mais ce contrôle féroce n'a pas réussi à empêcher de sortir au grand jour les actions illégales de ce Gouvernement sur les réseaux sociaux.

 

C'est le cas des vols suspects et répétitifs de l'avion présidentiel bolivien vers le Brésil qu'au début, le Gouvernement illégal a cherché à nier. Mais les données de l'entreprise nord-américaine de suivi des vols FlightAware démontrent que l'avion était à Brasilia dans la matinée du premier jour du coup d'Etat, le 11 novembre 2019.

 

Le régime de Jair Bolsonaro est l'un des rares alliés d' Áñez et le président brésilien, avec le président de l'époque Mauricio Macri, a été l'un de ceux qui ont nié l'existence d'une panne des institutions en Bolivie.

 

Le processus électoral bolivien, en 2019, au cours duquel Morales a été réélu, a été l'objet d'attaques non seulement internes mais aussi extérieures destinées à éviter que le dirigeant bolivien reste à la tête du pays.

 

Dans ce contexte, et après une série de soulèvements de la police et plus tard sous la pression des Forces Armées et trahi par certaines organisations politiques et syndicales, Evo Morales annonce sa démission le matin du 10 novembre 2019 et part, dans l'avion présidentiel, pour le Chapare où il restera jusqu'à ce qu'il réussisse à s'exiler en Argentine1.

 

A partir de ce moment-là, le Force Aérienne Bolivienne 001 ou FAB001, comme on appelle l'avion présidentiel, a commencé à effectuer une série de vols qui pourraient bien prouver les liens des putschistes boliviens avec le régime de Bolsonaro.

 

En effet, dans la matinée du 11 novembre, quand Áñez n'était pas encore présidente de fait, le FAB001 s'est envolé de l'aéroport de Campina Grande, Sao Paulo, à destination de l'aéroport international de Brasilia. Selon les données de FlightAware, il y est resté 4 jours et le 15 novembre, il est reparti de Sao Paulo pour retourner à Brasilia 2 jours plus tard. Le 22 novembre, il était à Rio de Janeiro et il est retourné à la capitale du Brésil le lendemain. Le 23, il a volé vers l'aéroport de Manaos, dans les Amazonas où il est resté jusqu'au 26 novembre. Le 27, il est enfin rentré à La Paz. Pendant tout ce temps, Áñez se trouvait à La Paz.

 

Les données fournies par FlightAware sont dignes de foi. L'entreprise a son siège à Houston, Texas, et est une compagnie mondiale de software d'aviation bien connue qui suit les vols aussi bien d'avions privés que de vols commerciaux du monde entier. Dans leurs archives figurent les voyages du FAB001 qui se sont poursuivis après le coup d'Etat. Ce qui attire l'attention, c'est que les vols vers l’étranger de l'avion présidentiel du 11 novembre au 8 mai dernier étaient exclusivement à destination du Brésil.

 

25 vols ont été enregistrés sans compter les jours où l'avion était stationné dans les aéroports brésiliens et sans préciser les vols entre les différentes villes du Brésil. En ce qui concerne les déplacements en territoire bolivien, il n'a pratiquement volé que vers Santa Cruz, le district où est né et où a été organisé le coup d'Etat contre Morales. L'avion présidentiel ne s’est pratiquement pas rendu dans les autres départements de la Bolivie.

 

En fait, ce qui a permis de connaître l'existence de ces vols suspects, c'est que sur les réseaux sociaux, le 7 mai, on a dénoncé le fait que l'avion présidentiel de la Bolivie était rentré du Brésil après y être resté plusieurs jours. A ce moment-là, il n'y avait aucune explication au déplacement de l'avion vers ce pays. Pire encore, le Gouvernement d'Áñez considérait cette information comme fausse.

 

Lais en lisant le planning de FlightAware, on peut voir que le FAB001 s'était envolé pour Brasilia le 30 avril pour ensuite se rendre à Sao Paulo et quelques heures plus tard, retourner à Brasilia. Là, l'avion bolivien est resté jusqu'au 8 mai, jour de son retour à La Paz.

 

Même si la présidence d'Áñez n'est pas légale, ce qui est sûr, c'est qu'elle aurait dû notifier au Parlement bolivien le fait qu'elle voyager sur ces vols vers le Brésil pour qu'elle soit remplacée par le président de l'Assemblée. Dans ce cas, cette charge serait revenue à la présidente du Sénat, Eva Copa, qui milite au MAS, le parti de Morales.

 

A la fin de l'année dernière a surgi un scandale à propos de l'existence de sur-prix dans l'achat d'armes non létales par le Ministère de la Défense entre novembre et décembre de 2019. Le site spécialisé Defensa.com a donné des détails sur les dénonciations dans lesquelles était impliquée une entreprise brésilienne. Tout cela s'est passé au moment où il y avait le plus de vols du FAB001 entre la Bolivie et le Brésil.

 

Les sympathisants et les gens de confiance d'Evo Morales n'ont pratiquement aucun doute sur le fait que des fonctionnaires brésiliens étaient au moins présents et accompagnaient le coup d'Etat de novembre dernier. A ce propos, ils ont l'habitude de citer une information publiée par la journaliste María Galindo sur le site bolivien paginasiete.bo. et jamais démentie par Áñez.

 

Cette journaliste a été une opposante féroce à Morales mais dans son dernier article dans ce média, elle a évoqué la présence et la participation de l'ambassadeur du Brésil à La Paz, Octávio Henrique Dias García Côrtes, à une réunion à l'Université Catholique. Galindo parle du diplomate comme du « représentant des intérêts nord-américains et e Bolsonaro. »

 

L'article dit aussi qu'ont participé à cette réunion « Tuto Quiroga, comme représentant de la CIA et Fernando Camacho, comme chef du fascisme et patron du processus de renversement d'Evo Morales. » Selon Galindo, à ce moment-là, ces hommes ont décidé qui devait être en charge de la présidence. Tout indique que c'est là qu'ils ont choisi Áñez, qu'elle définit comme « une sénatrice périphérique de la droite » qu'ils sont allés chercher et qui a fini par entrer au siège du Gouvernement national, le Palais Quemado, accompagnée par Camacho portant une bible.

 

En principe, la tâche d'Áñez était d’organiser rapidement des élections et on avait fixé la date du 3 mai. Mais la pandémie de COVID-19 a retardé tout cela mais n'a pas freiné les voyages de l'avion présidentiel au Brésil. Curieusement, tout a été découvert parce qu'il y a eu des plaintes à cause de l’utilisation d'autres avions officiels par la fille d'Áñez qui en est venue à utiliser l'un de ces avions pour fêter un anniversaire en plaine quarantaine.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar InfosSource en espagnol :URL de cet article :

 

NOTE de la traductrice:

1Ce n'est pas pour l'Argentine qu'Evo Morales est parti ce jour-là mais pour le Mexique où il a été accueilli par Andrès Manuel Lopez Obrador jusqu'à son départ pour l'Argentine.