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Colombie : Le plan de coup d'Etat contre Pétro

7 Février 2024, 16:43pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Narciso Isa Conde

 

En Colombie, comme dans de nombreuses parties du continent, le néo fascisme político-militaire se mélange aux mafias du trafic de drogue et aux secteurx du grand capital. Et ces forces sont passés à l'offensive contre le Gouvernement de Gustavo Pétro et le parti Colombie Humaine.

 

Les médias de Bogotá rendent compte du fait que les réseaux sociaux et l'opinion publique dans le pays et à l’étranger se sont échauffés à cause de la dénonciation du président Gustavo Pétro concernant un plan de coup d'Etat institutionnel et de judiciarisation du président.

 

Le 2 février dernier, le chef de l'État a exhorté dans un premier communiqué « toutes les organisations des droits de l'homme, les partis progressistes et les organisations de travailleurs de Colombie et du monde a prêter attention à sa dénonciation, » qui rend compte d'une participation notable du procureur général de la république d'extrême droite à ce plan de coup d’Etat.

 

Il a souligné la façon dont les juristes qui défendent sa mise en accusation parlent de rupture institutionnelle dans l'affaire du chancelier de la république, le premier dans l'histoire à être suspendu et ne disent rien de la grave rupture institutionnelle qui implique que le procureur enquête sur le président de la république, une chose expressément interdite par la Constitution colombienne.

 

On accuse Petro d'avoir reçu de l'argent du syndicat des enseignants pour couvrir des dépenses de sa campagne électorale, ce qui n'a rien d'illégal. Le procureur lui-même admet que cela n'a pas été employé dans la campagne mais pour les délégués aux bureaux de vote engagés envers la défense du vote, une fois la campagne terminée.

 

Mais le président colombien a dénoncé le fait que « on a perquisitionné des syndicats, on a torturé et on a fait pression sur des témoins pour qu'ils l'accusent. » et il a souligné que « des secteurs du trafic de drogue, des auteurs de crimes contre l'humanité, des politiciens corrompus et des secteurs corrompus du Ministère Public cherchent à chasser le président de la charge à laquelle il a été élu par le peuple, » et présenté par le parti Colombie Humaine.

 

Il a précisé que des faits beaucoup plus graves « qui se sont répétés plusieurs fois lors de campagnes d'autres partis politiques comme celui auquel appartient le procureur général et qui ont été déclarés précédemment légaux, dans notre cas, ont été criminalisés désespérément, » et il a ajouté que « la contribution d'un trafiquant de drogue, comme alias «El Neñe» aux partis politiques n'est pas la même que celle du syndicat des enseignants.

 

La contribution d'alias «El Neñe», ils l'ont qualifiée de légale, celle du syndicat des professeurs, ils l'ont qualifié d’illégale.

 

Enfin, le président colombien a expliqué les raisons du plan de coup d'Etat de l'extrême droite mafieuse de cette façon :

« Cette rupture institutionnelle est arrivée au plus grand désespoir parce que les mafia ne veulent pas perdre le contrôle de sections entières du bureau du procureur que j'ai mises en danger pour avoir présenté une liste de femmes honnêtes, » et il a conclu : « La réponse désespérée sera non seulement de suspendre le chancelier de la République mais aussi d'accuser pénalement le président d’Ecopetrol et la super intendante des services publics pour avoir été président du parti Colombie Humaine. »

 

À notre avis, il est de plus en plus clair que le néo-fascisme mafieux et ses parrains à la Maison-Blanche, à la CIA et au Pentagone ont décidé d'avancer vers la rupture institutionnelle dans la nouvelle modalité de coup d'Etat sans les militaires et les oligarchies capitalistes en vue mais avec une manipulation souterraine de tout l’ ensemble de la conspiration en compagnie des États-Unis.

 

Ces forces n'acceptent même pas un progressisme démocratique–libéral qui ne se joint pas au réseau de corruption et à la narco-politique, qui stimule des politiques anti patriarcales, antiracistes et pro-environnementales, mais qui, malheureusement refuse les transformations structurelles et oublient les changements constitutionnels nécessaires, le démantèlement du terrorisme d'État, la dissolution du para-militarisme et le ferme combat contre le néo-fascisme.

 

Le Gouvernement de Pétro et presque toutes les forces qui le soutiennent tout en n'adhérant pas à la stratégie néolibérale, ne sont pas enclins à inverser le processus de privatisation et d'autres impacts totalement négatifs de celui-ci et ce que je pense qui est pire : ils évitent la rupture avec l'OTAN, le départ des bases militaires et le plein sauvetage de l'autodétermination de la Colombie.

 

Ce sont des déficits cruciaux quand on parle de changements étant donné qu'il est de plus en plus évident que dans cette époque, il est illusoire d'avancer vers la défense de la vie, la démocratisation, la nouvelle indépendance et la justice sociale en coexistant au niveau de l'État avec le colonialisme, les nouvelles modalités du fascisme et en acceptant l'intervention et la tutelle militaire impérialiste.

 

Refuser d'affronter cette réalité, de plus, ne freine pas la conspiration putschiste et n'attaque pas ses racines, en une époque de décadence agressive de l'impérialisme occidental, de forte hégémonie à l'intérieur d'un conservatisme dur brutal, d'une gangstérisation extrême du capitalisme et de l’expansion de nouvelles modalités de fascisme.

 

Pétro, mobilisation populaire et solidarité

 

Dans un second communiqué publié le samedi 3 février, le président, Gustavo Pétro a confirmé que « le désespoir à cause de l'alternance démocratique au Ministère Public a conduit Barbosa a frapper le progressisme, les organisations de travailleurs pour un évènement légal qui a lieu dans la plupart des pays du monde : le don d’une organisation de travailleurs à un parti politique. »

 

Pour le président colombien, le mal que Barbosa voit dans ce fait,  « il ne l'a pas vu avec les chèques du trafiquant de drogue, alias “El Ñeñe”, ni avec les chèques d’Odebrecht parce qu'alors les présidents qui a étaient bénéficiaires faisaient partie de leur cercle politique et que l'un d'entre l’a nommé. »

 

Il est évident que ce qui est visé par tout cela est « un coup d'Etat sous le manteau des institutions comme ils voulaient faire au Guatemala et pour les mêmes raisons. »

 

Mais il y a plus : à mon avis, Barbosa n'est qu’un instrument de toutes les droites qui se sont solidarisées avec lui : les uribistes, les conservateurs, les verts, les para-militaires, les fascistes, les patronales… les faucons yankees et les oligarques qui exercent sur eux leur tutelle et les financent.

 

C'est un instrument lié avec la narco-économie capitaliste comme le montre la propre dénonciation du président colombien qui affirme de façon responsable que Barbosa dirige une un « ministère public pourri dans lequel on permet de couvrir le crime et le trafic de drogue au point que des fonctionnaires sous le commandement du procureur général, chargent leurs marchandise sur leurs bateaux. »

 

Pour faire ce que fait le procureur général avec une bonne aide du groupe uribiste et de l'ancien président Pastrana, il faut avoir des parrains très puissants.

 

Cette modalité de coup d'Etat a été mise en pratique dans Notre Amérique avec le soutien du pouvoir impérialiste des États-Unis, soutien que plus d'un dirigeant du soi-disant progressisme, ceux qui renoncent à l'anti-impérialisme, ont du mal à reconnaître et, plus encore, à affronter comme il se doit.

 

De toute façon, il est très positif que Petro insiste sur le fait que « le mandat populaire doit être respecté » et cela doit être soutenu fortement. Il a demandé « de transmettre massivement ce message à tout ses réseaux, aux stations de radio et aux médias populaires, », et il appelle à «réaliser des journées de très grande mobilisation, profondes et importantes » pour renverser ce coup d’Etat.

 

Il faut insister également sur le fait qu'il est nécessaire de passer de la résistance défensive à la volonté de démanteler cet Etat narco–terroriste et de sauver l'autodétermination d'une Colombie dans laquelle les États-Unis interviennent (avec 10 bases militaires sur son territoire, et de multiples mécanismes de contrôle politique, économique, et militaire.

 

Il faut également confirmer l'impérieuse nécessité de changements structurels et de transformations pour démocratiser la société, rétablir la souveraineté populaire et nationale et donner une légitimité aux changements. Parce que la stagnation frustre et réduit le soutien populaire, ce qui a pu être mis en évidence lors des récentes élections municipales colombienne, une leçon qu'on ne doit pas oublier.

 

Ce moment en Colombie invite toutes les gauche réelles du pays et du continent et les gauches réellement révolutionnaires à répondre à la contre-offensive impérialiste d'extrême droite avec la profondeur et la fermeté que méritent des situations si dangereuses.

 

Nous, au mouvement Caamañista-MC et dans la gauche révolutionnaire dans laquelle nous militons, nous assumons la solidarité indéfectible contre les reculs d'extrême droite, toujours dans une optique qui favorise le fait d'avancer vers des transformations de plus en plus radicales. C'est dans la nécessaire bataille des idées que nous pourrons influer pour attaquer les racines des problèmes parce que les processus de réformes progressives qui ne s’approfondissent pas jusqu’à devenir de nouvelles révolutions populaires languissent et meurent.

À notre avis, il est urgent de surmonter ce long processus de mouvement pendulaire d'un progressisme qui ouvre la voie à la restauration de l'extrême droite et vice-versa pour obtenir la transition révolutionnaire continue vers des sociétés justes et solidaires qui dépassent le capitalisme décadent pour conquérir un ensemble de souverainetés nationales matérialisées dans l'idéal de la Grande Patrie libérée et vraiment socialiste.

 

En rappelant notre inoubliable Orlando Martinez, nous insistons sur ses paroles pleines de fermeté : « en arrière, jamais ; en avant, toujours ! »

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/02/06/colombia-el-plan-golpista-contra-petro-motivos-actores-y-respuesta/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/02/colombie-le-plan-de-coup-d-etat-contre-petro.html